Le président Bachar Al Assad a quitté la Syrie pour la deuxième fois depuis l'éclatement de la guerre civile en 2011. Comme il y' a deux ans, le maitre de Damas est allé à Moscou se concerter avec son meilleur allié Vladimir Poutine, à Sotchi, au bord de la mer Noire. Le chef du Kremlin qui savoure une victoire militaire incontestable contre la galaxie terroriste qui essaimait en Syrie, entend ainsi engranger un autre succès, diplomatique celui-là, en tentant d'arracher un compromis politique entre le régime et les différentes factions de l'opposition. A Sotchi, Poutine a surtout écouté Bachar Al Assad qui lui faisait un round up de l'évolution des événements sur le terrain et les perspectives de paix. Mais surtout expliqué jusqu'à où pourra-t-il aller pour chercher une solution consensuelle qui mettrait fin à la crise politique et acterait la fin des hostilités. Il semblerait d'après les comptes rendus de presse que le président syrien ait mis un peu d'eau dans son leben, à la condition qu'il n'y aurait pas d'ingérence étrangère, c'est-à-dire principalement des monarchies du Golfe qui financent et manipulent l'opposition. Aujourd'hui même le maitre du Kremlin se réunira avec ses homologues turc et iranien, Recep Tayyip Erdogan et Hassan Rohani, sur l'avenir de la Syrie. L'objectif étant de réactiver la piste d'un Congrès syrien, réunissant le pouvoir et l'opposition qui n'a abouti jusque-là à Astana, au Kazakhstan. Le même jour, les différentes factions de l'opposition syrienne se sont donnés rendez-vous chez leur mentor, le roi d'Arabie saoudite, à Riyad. Cela pourrait donc être un mercredi de l'histoire, si à Riyad comme à Sotchi les choses évoluent positivement. Il y' a en effet de fortes chances pour que la réunion de paix le 28 de ce mois, sous l'égide des Nations unies, entérine une solution politique qui mettrait fin au drame en Syrie. Il semble plus que jamais que russes et américains soient convaincus de la nécessité de clore le dossier syrien dans une région où les foyers de tension sont légion. La guerre contre le Yémen, le front ouvert contre le Qatar, la grave crise politique fomentée au Liban, sont autant de feux allumés simultanément qui risquent d'embraser toute la région. Vladimir Poutine a en effet informé Al-Assad qu'il allait rendre compte de leurs discussions au président des Etats-Unis, Donald Trump, à l'émir du Qatar et d'autres «dirigeants de la région» dans une allusion évidente aux monarchies du Golfe. C'est dire que tout le monde semble plus au moins convaincu -de guerre lasse ou par calcul stratégique- qu'il est temps de crever l'abcès syrien et se résoudre à accepter l'incontournabilité de Bachar Al-Assad. Vu sous cet angle, l'occident et ses bras armés arabes auront lamentablement échoué face à la ténacité du maitre de Damas, les coups de main de l'Iran et du Hezbollah et le soutien décisif de Poutine. Le règlement de la crise en Syrie parait aujourd'hui comme une nécessité vitale aussi bien pour Moscou que pour Washington et les monarchies arabes. Désormais c'est Téhéran qui est désigné comme «l'axe du mal» par le royaume wahabbite qui s'apprête à couronner le va t-en guerre Mohamed Ben Selmane, que l'occident présente, sans rire, sous les oripeaux d'un «moderniste». Le triumvirat, Trump-Selmane-Netanyahou, va probablement réorienter ses canons vers le Hezbollah et peut être l'Iran. Mais là aussi, il leur faudra d'abord abattre l'ours blanc russe qui surveille soigneusement ses «petits».