Le Premier ministre britannique David Cameron et le président russe Vladimir Poutine ont discuté des mesures communes possibles pour régler la crise en Syrie, dans un contexte d'intenses tractations diplomatiques pour mettre fin à ce conflit. Cette rencontre à Sotchi, sur les rives de la mer Noire, intervenait trois jours après que Moscou et Washington se sont entendus pour rechercher un règlement politique au conflit qui dure depuis plus de deux ans en Syrie et qui a fait plus de 70 000 morts selon l'ONU. Première observation, la France est exclue de ces efforts, alors qu'elle a été le premier pays occidental à avoir reconnu l'opposition syrienne et qui pousse inlassablement à une intervention militaire internationale pour faire partir de régime de Bachar Al-Assad. Même si aucune avancée majeure n'a été annoncée, ni au cours de la rencontre russo-britannique ni après celle entre le secrétaire d'Etat américain et Vladimir Poutine, ces rencontres ne sont pas de simples agitations diplomatiques. Damas s'est révélée au fil des événements, fussent-ils dramatiques, inacceptables et condamnables, résistant face aux manœuvres du “printemps arabe" version syrienne diligentées sous la houlette du Qatar et de l'Arabie Saoudite avec l'appui entier de la France et de la Turquie. Et sa ténacité ne s'explique pas seulement par le soutien ferme de la Russie, de la Chine, de l'Iran et du Hezbollah libanais. Washington et Londres auraient ainsi rejeté l'option de la guerre ouverte contre le régime syrien, se rapprochant de celle de la Russie. “Nous avons discuté des options possibles pour un développement positif de la situation (en Syrie, ndlr) et des démarches concrètes à cet égard", a déclaré le président russe, après avoir reçu Cameron et Kerry. “Nous avons un intérêt commun : mettre fin rapidement à la violence et lancer un processus de règlement pacifique, conserver l'intégrité territoriale de la Syrie comme Etat souverain", a-t-il poursuivi. Le Premier ministre britannique et l'envoyé de Barak Obama, après avoir indiqué que ce n'était un secret pour personne que les points de vue avec la Russie sur le règlement de la crise syrienne différaient, ont insisté sur le fait qu'ils cherchaient le même but : “Mettre fin au conflit et enrayer l'extrémisme en Syrie." La Grande-Bretagne s'est félicitée de la proposition d'organiser une conférence internationale afin de trouver un règlement politique conforme à un accord conclu à Genève le 30 juin 2012 entre les grandes puissances, proposition sur laquelle se sont entendus Moscou et Washington mardi, lors de l'entretien Poutine-Kerry au Kremlin. L'accord de Genève ne précise toutefois pas le sort du président syrien Bachar Al-Assad, et l'opposition syrienne continue de considérer son départ du pouvoir comme une condition préalable à toute discussion. Les trois pays ont également convenu implicitement de reconduire la mission de l'ambassadeur algérien Lakhdar Brahimi, que le Qatar avait vite enterré, pensant avoir les mains libres pour faire aboutir son “printemps" à Damas. Montrant que les positions restaient encore éloignées, Moscou continue de livrer des armes conventionnelles à la Syrie, soulignant qu'elle s'inscrivait dans le cadre de contrats signés il y a plusieurs années. Kerry, lui, a martelé à Rome, venant de Moscou, qu'Al-Assad devait s'en aller. Il a aussi jugé que la livraison imminente par Moscou à la Syrie de batteries de missiles sol-air était potentiellement déstabilisante. Son homologue russe Lavrov lui a rétorqué qu'il s'agit d'une arme défensive pour que la Syrie ait la possibilité de se défendre contre des frappes aériennes, rappelant de façon explicite les récentes agressions de la chasse israéliennes sur le territoire syrien. Des bombardements que seule la Turquie a violemment condamnés. Pas un mot dans la Ligue arabe, pas même la moindre allusion ! Evidemment que tout ne baigne dans l'huile. Kerry a déclaré que les Etats-Unis pensaient détenir une “preuve solide" de l'utilisation d'armes chimiques par le pouvoir syrien. A prendre avec des pincettes, et il est plus probable que cette annonce-menace s'inscrit dans les pressions et chantages pour obliger Bachar Al-Assad à lâcher prise. Un chef militaire rebelle syrien, le colonel Abdel Jabbar Al-Okaidi, qui commande l'Armée syrienne libre (ASL) à Alep, dans le nord de la Syrie, a indiqué avoir abordé avec l'ambassadeur américain chargé du dossier syrien, Robert Ford, la question de l'approvisionnement en armes des rebelles. Toute la nuance est dans “avoir abordé". D. B Nom Adresse email