Un démuni, employé à l'OPGI a réussi l'exploit de s'enivrer, de prendre le volant et de se faire arrêter en route, le nez en l'air. En prison, il a eu la chance de ne pas s'y attarder, le temps de réfléchir entre la bouteille et le volant sources d'ennuis et la famille et sa maman vieille et malade. La plaidoirie de l'avocat a fait la différence. Bedri a eu le cœur chaud. L'inculpé de conduite en état d'ivresse est debout face à Selma Bedri, la présidente de la section pénale du tribunal d'El Harrach (cour d'Alger). Eboueur à l'OPGI, ce père de famille nombreuse qui a en outre sa vieille maman malade, lasse, éreintée par les vicissitudes du quotidien, d'un quotidien «halouf» qui ne tend pas les bras aux malheureux idiots qui se font prendre au bon moment. «Boire n'est pas interdit mais boire et prendre le risque de conduire est illicite, interdit, pas recommandé, classé et puni par la loi», assène la juge fraîche ce samedi comme le début de semaine. Maître Sbâa constitué pour ce malheureux pauvre bougre va plaider juste pour toucher de plein fouet le mental de Bedri. Il s'est focalisé sur la personnalité de son client en laissant la liberté d'agir sur et autour du dossier. «Oui, Madame la présidente, vous avez toute la latitude de prendre votre décision en toute souveraineté vous pouvez même le condamner à la prison ferme. Il l'aura bien mérité mais je me dois simplement de vous rappeler qu'en le condamnant à l'enfermement, vous allez faire deux victimes : l'inculpé et sa maman car elle devra alors s'occuper des petits et ce serait une entreprise gênante pour cette vieille grand-mère qui ignore jusqu'à ce jour le motif de l'absence de son ‘'gosse'' à cause de la détention préventive», a articulé maître Abderazak Sbaâ qui prit acte du regard vitreux de la juge. Menasra Youssef, le représentant du ministère public n'était pas tellement chaud pour «tomber» sur ce pauvre petit délinquant primaire qu'a fauté deux fois en une : se soûler et conduire en état d'ébriété. Le procureur va requérir le minimum : deux mois de prison ferme et surtout sans amende. Le parquetier préférant ne pas ajouter de l'eau sur l'huile, vu l'état de dénuement du détenu, détention préventive oblige ! Il faut dire que la mise en examen pour la fin d'audience ou au premier «arrêt» des débats, l'inculpé a dû faire le choix entre la famille, sa famille et... Bacchus ! En revenant aux geôles solidement pris en main par l'agent de la DGSN sur les marches d'escalier, le détenu a eu un geste en direction de la salle d'audience et en fixant cinq secondes la porte de sortie de la salle, signe évident de liberté retrouvée. Peut-être, par superstition, le pauvre employé de l'OPGI avait salué l'assistance ou quelqu'un de sa famille avant de disparaître à la gauche de Menasra en super forme ce samedi. Maître Sbaâ, lui, constitué gracieusement a préféré attendre le verdict prononcé à l'issue de l'audience à la première suspension de séance juste pour donner les verdicts en vue de permettre au fourgon des détenus de revenir aux «quatre ha» avant la fermeture du greffe et voir les «libérés» rentrer chez eux. Maître M'hamed Yahia Messaoud noyé de boulot avec, cette «Spartacus» de Zahra «la rousse» ce clerc du tonnerre qui fait du bon boulot au cabinet où atterrira la bonne nouvelle de la libération de l'éboueur condamné certes, mais au sursis. L'avocat a tapé juste.