Odieux, crapuleux, ignominieux, horribles, aucun adjectif, aussi «puissant» fut-il, ne peut qualifier la série de crimes enregistrée récemment à travers différentes localités du pays.Des drames qui laissent perplexes, qui engendrent des séquelles à vie, qui défont des familles entières dont l'homogénéité est déjà sérieusement entamée. Des crimes «familiaux», dont les causes et les desseins sont multiples, voire franchement «absurdes». Il ne se passe pas un jour, en effet, sans que la presse nationale rapporte, au chapitre des faits divers, des crimes du genre. Rien que pour les deux dernières semaines, pas moins de 20 crimes ont été «signalés» à travers le territoire national. Un constat qui en dit long sur l'éclatement de la cellule familiale, la recrudescence de la violence en son sein. Revue : juin 2009, conséquence d'un divorce mal digéré, un père, d'une cinquantaine d'années, a égorgé sa fille, étudiante de son état, âgée à peine de 22 ans, avant de lui asséner plusieurs coups de couteau au niveau de la poitrine. Un crime «horrible» qui a laissé pantois toute la population de la commune de Aïn El Kebira, située à 25 kilomètres au nord du chef-lieu de la wilaya de Sétif. Le 23 du même mois, c'est la commune de Mesdour, dans la wilaya de Bouira, qui a été secouée par un énième drame familial. Un jeune homme de 21 ans a mortellement poignardé son oncle âgé de 36 ans pour cause d'un différend sur une parcelle de terrain. Le lendemain, la presse a rapporté un autre «cas similaire» à El Ouadia, dans la commune de Beinen, (Mila). Une prise de bec entre la victime, un homme âgé de 65 ans, et son beau-frère, autour d'un lopin de terre en litige a abouti à la mort du premier cité après que son agresseur lui ait asséné à l'aide d'un objet métallique contondant un coup mortel à l'issu duquel il rendra l'âme peu après à l'hôpital de Ferdjioua. Pire encore, à Bensekrane, dans la wilaya de Tlemcen, une mère enceinte âgée de 27 ans a été égorgée par son frère à l'aide d'une épée. L'enquête menée par les services de sécurité a montré que la victime a été d'abord défigurée avant d'être froidement assassinée. Deux jours plus tard, dans le quartier Essanaouber, à Oran, un jeune homme a commis un acte «odieux» en assassinant sauvagement son frère en lui assenant plusieurs coups de poignard au ventre et d'autres avec une barre de fer au niveau du crâne, le laissant agonisant dans une marre de sang jusqu'à ce qu'il rende l'âme à l'intérieur du domicile familial. Ce fratricide est intervenu suite à un «banal malentendu» à propos de qui des deux «prendra sa douche le premier». Le début du mois de juillet est beaucoup plus «prolifique» en atrocités. Les crimes y ont tendance à redoubler d'intensité et… de sauvagerie. Une famille entière relativement aisée a été décimée le week-end dernier dans la localité de Merouana, dans la wilaya de Batna. Un quadragénaire, son épouse et leurs deux fils âgés de 19 et 12 ans ont été «sauvagement assassinés» par un membre de la famille et ses acolytes. La veille, dans la commune de Gué de Constantine, à Alger, un quadragénaire dépressif a tué à coups de couteau son père, âgé de 65 ans, pendant son sommeil, parce que ce dernier l'avait chassé de son domicile. La wilaya de Bouira a connu trois drames successifs en ce début de juillet. Dans la commune de Aïn Turc, un jeune adolescent de 17 ans a assassiné, le 2 du mois en cours, son cousin de 16 ans pour une banale «affaire» de téléphone portable avant de le jeter au fond d'un puits. Deux jours plus tard, dans la commune de Taguedit, un homme de 60 ans tue sa femme à l'aide d'une grosse pierre et s'en va chercher une pioche pour «l'achever». Le mari ayant perdu son emploi est marié à une autre femme et est père de 11 enfants. A la fin du mois écoulé, un septuagénaire a été sauvagement assassiné par son neveu à l'aide d'une arme blanche. Autant de crimes, autant de raisons ou de desseins abjects. L'on assassine à tour de bras, pour des affaires d'héritage, de litige sur des «banalités», pour des affaires de «trahison conjugale», pour rien ! La société algérienne est-elle à ce point «criminelle» ? Y a-t-il encore moyen d'y remédier lorsque l'on sait que le poids des traditions et la structure même de notre société «patriarcale» y sont pour beaucoup ? Il faudrait y penser sérieusement et en haut lieu. Les violences «familiales» ne se répercutent-elles pas sur l'école, la rue, le lieu de travail… ?