Pour la plupart des experts fiscalistes algériens, l'évasion fiscale en Algérie a atteint, rien que pour l'année 2008, l'équivalent d'un milliard de dollars, soit plus de quatre-vingts millions de dinars.D'après les investigations, chaque année, c'est presque le même montant qui échappe au Trésor public. Un montant qui fait rêver parfois certaines administrations publiques, car il constitue à lui seul un véritable budget de fonctionnement ou d'équipement. Selon des économistes, un milliard de dollars dans la nature, c'est l'équivalent de presque un plan de développement d'une wilaya moyenne pour quelques années. D'un autre côté, d'autres chercheurs estiment que l'évasion fiscale dans notre pays aurait atteint des chiffres beaucoup plus importants et dépasserait de loin la barre de cent milliards de dinars, mettant en exergue les nouvelles techniques de fraude et d'escroquerie sur la marchandise, les fausses déclarations, les complicités avérées dans l'administration douanière, la corruption à grande échelle et le flou caractérisant la législation fiscale ainsi que la faiblesse de notre fisc, notamment au niveau des moyens mis à la disposition de ses services et la qualité de son personnel. C'est pourquoi les pouvoirs publics tentent depuis peu d'affiner les techniques fiscales pour réduire au maximum le volume de cette évasion et lutter par des politiques fiscalistes objectives et souples contre toutes les formes de fraude fiscale. L'objectif primordial de l'Etat reste naturellement la mise en place de structures et d'organes capables de détecter à temps ces formes d'évasion, de moderniser les appareils d'investigation et de miser sur les ressources humaines, en plus de l'institution d'une législation claire, homogène et efficace. D'ailleurs, c'est dans cet esprit que la loi de finances de cette année a produit des textes qui vont permettre aux services de notre fisc de mener en toute transparence des enquêtes en vue d'identifier les sources d'évasion. C'est ainsi que l'administration sera dotée de nouveaux outils de travail, avec notamment la création d'un service dont les compétences seront élargies à tout le territoire national. Ce même service sera rattaché à la direction générale des impôts (DGI) et devra disposer également d'antennes régionales. Il y a quelques mois, le grand argentier du pays a déclaré que son département est en train d'élaborer des textes d'application pour rendre opérationnel ce nouveau service chargé de lutter contre l'évasion et la fraude fiscales. Selon les projections du département de Djoudi, la mise en place de cet organe devrait voir le jour avant la fin de l'année 2009. Pour nos fiscalistes, la dernière actualisation opérée en 2008 sur le fichier national des fraudeurs fait ressortir le recensement de plus de 10 000 fraudeurs, notamment des importateurs ou des opérateurs dans le commerce international, presque rarement chez les opérateurs versés dans les différentes branches de l'industrie. Chaque année, plus de 1000 plaintes sont déposées au niveau de la justice par notre administration fiscale contre des auteurs soupçonnés de fraude et d'évasion fiscales.