Le temps du sommet du G8, Silvio Berlusconi devra oublier les mondanités dont il ne détient plus le secret à force de scandales. De plus en plus près de leurs sous, la crise économique mondiale n'étant qu'un facteur aggravant, les richissimes participants au sommet du G8 devront se contenter durant leur séjour à L'Aquila d'une caserne réaménagée en hôtel. Seul extra, un panier de basket pour que le président Obama puisse se détendre en paix. Comme il s'est amusé à le répéter aux rescapés du dernier séisme, le président du Conseil italien demandera-t-il à ses hôtes de faire comme si de rien n'était et de faire semblant d'être dans un camping ? Trêve de plaisanteries, les riches ne devront pas s'éterniser. En plus, ils seront si obnubilés «à défaire et à refaire le monde» qu'ils ne verront presque rien de la survie des gens de L'Aquila sous les tentes. La compassion est une histoire de cœur et non pas de chèque. Ce qui est certain, si la terre venait à trembler, ils seraient évacués selon un plan d'urgence que Rome a élaboré en leur honneur. Concentration maximale requise, le monde fait face à une crise sans précédent, selon Ban Ki-moon. Les privilégiés du club des huit prendront-ils la peine de jeter un coup d'œil à la nouvelle encyclique de Benoît XVI, intitulée «L'amour dans la vérité», et à travers 144 pages le pape prône un nouvel ordre financier guidé par l'éthique, la dignité et la recherche du bien commun ? Trop longue pour y consacrer des nuits entières, le conclave de L'Aquila n'attendra pas que les fumées papales s'échappent. D'autant que les signaux en provenance de Moscou, de Bruxelles et du pôle Nord sont clairs : le préaccord cosigné par Obama et Medvedev sur la réduction des armes stratégiques doit être l'exemple à suivre pour tous ceux qui veulent adhérer par des moyens non conventionnels au club des puissances nucléaires. De toute manière, une guerre contre la Corée du Nord n'est pas imminente. La prochaine réunion des Vingt-sept sera entièrement consacrée à l'Iran alors qu'un haut responsable militaire US a affirmé qu'Israël est un pays souverain et que Washington ne pourra s'opposer si Tel-Aviv décide de frapper l'Iran. Quant à la «frigorifiante» question du réchauffement climatique, les pays émergents d'Asie et d'Afrique doivent aider les pays riches à redresser leur grand tort écologique. Comme à la fin de chaque conclave, les chefs d'Etat des pays les plus industrialisés de la planète partiront, en omettant de regarder ce qui est indiqué sur le sismogramme de la compassion.