Désormais, en Algérie, les garçons n'ont plus le monopole de la réussite aux examens du BEM, du bac et dans les études universitaires. En effet, durant la dernière décennie, tous les résultats des examens confirment la prédominance de l'élément féminin sur les garçons. Avec un taux de réussite de 58% au bac, les filles dament toujours le pion aux garçons. Et c'est tant mieux pour une société qui pratique toujours de la discrimination à l'égard de la femme. Il suffit de consulter les statistiques relatives à la place qu'occupe la femme algérienne dans les institutions élues pour se rendre compte de la marginalisation, voire de l'exclusion dont elle demeure victime. Malgré qu'elles soient majoritaires dans les lycées, les universités et l'ENA, les femmes sont toujours frappées d'ostracisme. Dans une société fermée, décrocher son bac et avoir son diplôme avec mention est la seule voie de salut qui reste à la fille. Mme Dalila Zenad, docteur en psychologie clinique, enseignante à l'université de Bouzaréah, affirme que les filles s'intéressent plus aux études que les garçons parce qu'elles n'ont pas d'autres préoccupations ou d'autres tentations. «Dans notre pays, les filles n'ont que les études comme préoccupation et ce, contrairement aux garçons qui sont branchés ailleurs», affirme notre interlocutrice. Par ailleurs, Mme Zenad explique que contrairement à beaucoup de garçons qui ont pour modèle de réussite ceux qui ont réussi à faire des fortunes sans suivre des études, les filles, quant à elles, sont convaincues que seules les études peuvent leur offrir des opportunités de réussite. «La fille sait qu'avec les études, elle pourra travailler, se marier et s'épanouir dans la vie», souligne l'enseignante de psychologie. Contacté hier, Hocine Abdellaoui, chef de département de sociologie de l'université de Bouzaréah, explique que pour l'instant, il n'y a pas d'étude sur la question de la prédominance des filles dans la réussite aux examens et aux études. «La réussite des filles aux examens et aux études est une façon pour elles de revendiquer un statut», explique notre interlocuteur, en soulignant que cette réussite est d'ailleurs le seul moyen pour la femme algérienne d'être reconnue par la société. Dans une société d'inégalités, la femme, ajoute M. Abdellaoui, essaye d'être égale à l'homme. Par ailleurs, notre interlocuteur rejette la thèse selon laquelle la réussite des filles dans leurs études est liée au fait qu'elles n'ont d'autre préoccupation que celles-ci. «Dans un champ social cadenassé, seul le champ des études est ouvert aux filles. Dans ce domaine, elles ont donc prouvé plus de performance que l'homme», explique notre source. Et d'ajouter : «Il faut ouvrir les autres champs aux filles pour ensuite juger si elles sont plus performantes plus que les garçons».