Obama pour la légalité internationale En effet, dans une lettre adressée au roi du Maroc, Obama l'appelle à soutenir les démarches engagées par l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross. Celui-ci, en tournée dernièrement au Maghreb (Algérie, camps des réfugiés sahraouis, Mauritanie et Maroc, ndlr), a vraisemblablement été boudé au Maroc : Christopher Ross n'a pas été reçu par le roi Mohammed VI ni par son Premier ministre. La tournée de Ross dans la région avait pour but rappelle-t-on de mieux cerner le conflit qui oppose la RASD au Maroc et de remettre sur les rails les négociations entre les deux parties dont une rencontre informelle prévue, selon l'ambassadeur de la RASD à Alger, dans un pays européen. Il s'agira de l'Autriche, précise le titre ibérique El Pais, en citant des sources diplomatiques.Pourquoi El Makhzen préfère-t-il le jeu de l'arlésienne à celui de la clarté ? Pour le juriste et expert en relations internationales et chevronné du dossier sahraoui, l'Espagnol Carlos Ruiz Miguel, qui s'est exprimé mercredi dernier à l'APS, la tournée de Ross est annonciatrice avant tout d'une «nouvelle proposition basée sur le respect du droit international», au point où, selon Carlos Ruiz Miguel, elle «a plongé le régime marocain dans le désarroi», ce qui explique, toujours selon ce juriste espagnol, pourquoi Ross «a été boycotté à Rabat par les principaux dirigeants marocains et la presse de ce pays». Et cette quête de la légalité internationale sur laquelle s'appuie Ross est approuvée par la nouvelle administration Obama, indépendamment de la proposition marocaine dite d'autonomie. Parce que, selon toujours le juriste international espagnol qui s'est exprimé aussi dans les colonnes de l'autre quotidien espagnol ABC, l'un des objectifs de cette nouvelle équipe présidentielle américaine est «de réduire les tensions et mettre fin aux abus de la dernière période de Bush» en optant souligne-t-il pour «la légalité internationale et constitutionnelle». L'équipe Obama a-t-elle misé sur le bon cheval ? Ce qui est certain pour Carlos Ruiz Miguel, c'est que même si la question sahraouie représente «un conflit mineur» pour Washington, elle représente néanmoins le socle sur lequel s'appuie le département Clinton. Ce qui justifie pour ce juriste international le refus du soutien d'Obama au plan marocain dit d'autonomie «qui, en déniant au peuple sahraoui le droit à choisir son destin parmi diverses options, viole non seulement le droit international mais est antidémocratique et profondément immoral». En témoigne, rappelle Carlos Ruiz Miguel, la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Sahara occidental d'il y a trois mois et durant laquelle a été adoptée la dernière résolution portant sur ce conflit : l'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice, n'avait, a noté Carlos Ruiz Miguel, «apporté aucun soutien à la proposition marocaine, contrairement à la réunion antérieure, sous l'ère de l'ancien président George Bush, où a été adoptée la résolution 1813». Pour Carlos Ruiz Miguel, les choses sont claires : l'équipe Obama, qui «perçoit mieux aujourd'hui ce problème qui relève avant tout d'une décolonisation inachevée», veut donner toute la légitimité au travail de l'ONU en faisant pression sur le Maroc. Ces propos ont été confortés par une source sûre et confidentielle de la Maison-Blanche. Celle-ci, citée par ABC, précise que le «président Obama soutient les efforts en cours de M. Ross pour trouver, dans le cadre des Nations unies, une solution pacifique, durable et mutuellement acceptable pour les deux parties». Ross sur les pas de Baker Ainsi, l'appui qu'a apporté Obama au rôle des Nations unies dans la question sahraouie renforce celle de l'envoyé personnel de Ban Ki-moon, Christopher Ross. Ce dernier succède à Peter Walsum qui a été mis sur la touche par son organisation, à l'issue de ses prises de position en faveur du Maroc. Le Maroc qui devra de fait composer avec Ross dont les travaux qu'il a menés à ce jour (deux déplacements dans la région) l'ont amené à organiser une rencontre informelle entre les deux parties en conflit en vue d'un nouveau round de négociations. Même si rien n'est encore palpable, son travail est jugé par Carlos Ruiz Miguel comme un réajustement du plan Baker (James Baker est le premier envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental nommé en 1997, à l'époque de Kofi Annan. Il a jeté le tablier 8 ans plus tard, découragé par les blocages marocains, ndlr). Baker est pour le juriste espagnol toujours d'actualité. Pour le secrétaire général de l'union des écrivains et journaliste sahraouis, Lakhal Malainine, même si ce plan est crédible, le plan initial de 1991, lui aussi, reste toujours applicable (lire l'entretien). Pour rappel, le plan Baker était basé sur une période d'autonomie de cinq ans, à l'issue de laquelle devait suivre un référendum d'autodétermination sur le statut du territoire sahraoui. Ce dernier, bien qu'ayant suscité des réserves de la part du Polisario ainsi que des pays observateurs du conflit a finalement été accepté par eux ainsi que par les Nations unies contrairement au Maroc qui avait rejeté le référendum, jugé alors par Rabat d'«obsolète et inapplicable». Alors que le plan de 1991 dit de règlement onusien et de paix pour l'autodétermination du peuple du Sahara occidental, bien qu'il ait été retenu à l'unanimité à l'ONU, a cependant buté sur l'élargissement du corps électoral sahraoui (le secrétaire général de l'ONU, Javier Perez De Cuellar avait décidé de modifier le plan initial en triplant le nombre de votants potentiels par rapport au recensement de 1974, ce qui était à la faveur du Maroc pour s'assurer de sa victoire au vote) jugé inconsidéré par le Polisario.