L'élection présidentielle en Mauritanie a été remportée sans surprise par le général Mohamed Ould Abdelaziz. Cela, malgré les critiques qui ont décrit le scrutin comme une mascarade visant à légitimer le putsch du 6 août 2008. Peu avant la clôture officielle de la campagne électorale pour la présidentielle en Mauritanie, le général Mohamed Ould Abdelaziz avait déclaré qu'il sortirait vainqueur de la confrontation avec les 5 autres candidats. Le décompte partiel des voix à l'issue du scrutin qui s'est déroulé samedi lui donne raison puisqu'il obtient plus de 52% des suffrages exprimés, ce qui le place loin devant le président de l'Assemblée nationale et candidat du front anti-putsch, Messaoud Ould Boulkheir, qui recueille 16,72% des voix, suivi par le chef du principal parti de l'opposition, Ahmed Ould Daddah, avec 13,86%. Ibrahima Sarr, issu de la minorité négro-mauritanienne, décroche la quatrième place avec 5,01%. Le candidat islamiste modéré, Jemil Ould Mansour, qui se présentait pour la première fois, remporte 4,57% et se place devant l'ex-chef de la junte qui avait rendu la pouvoir aux civils au terme d'une transition souvent saluée comme exemplaire, le colonel Elu Ould Mohamed Vall (3,79%). Hier, le général Ould Abdelaziz, meneur du putsch du 6 août 2008 qui a renversé le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, élu démocratiquement en 2007, ne peut donc que se réjouir du choix de ses concitoyens et ce, en dépit des griefs retenus contre lui par les principaux candidats. Ces derniers avaient dénoncé des fraudes massives qui se sont traduites par l'achat de voix dans certaines circonscriptions, outre des irrégularités dans de nombreux bureaux de vote. Hier, des candidats ont dénoncé ce qu'ils ont appelé «une mascarade électorale qui cherche à légitimer le coup d'Etat. Mais, selon les observateurs de la scène politique mauritanienne, le résultat du scrutin était sans surprise car beaucoup s'attendaient à ce que la population choisisse l'homme par qui la rupture des relations diplomatiques avec Israël est intervenue. L'on sait, en effet, que la rue et une partie non négligeable de la classe politique mauritanienne étaient contre l'établissement de ces relations diplomatiques. La présence d'une ambassade de l'Etat hébreu dans le pays était d'ailleurs perçue comme une provocation et, dans son sillage, un encouragement à l'expression islamiste extrémiste. En jouant sur cette corde sensible, le candidat des putschistes d'août 2008, qui s'est refait par ailleurs une virginité politique auprès de ses pairs arabes à travers sa décision de rompre avec Israël, savait qu'il ferait mouche. Et gagner haut la main une élection qui, si elle n'est pas un modèle de transparence, contribuerait un tant soit peu à garantir la stabilité dans ce pays. Hier, alors qu'il restait encore à dépouiller près de 20% des bulletins, la commission électorale a fait savoir que le général Ould Abdelaziz était crédité de 52,3% des suffrages. Un chiffre qui pourrait être revu à la hausse dans la soirée. A rappeler que selon la commission électorale, le taux de participation était plus qu'honorable et qu'il dépassait les 61%.