Le Premier ministre français a promis jeudi des sanctions après les tirs d'entraînement militaires à l'origine d'un incendie qui a ravagé 1300 hectares aux portes de Marseille, sans faire heureusement de blessés. «Cet incendie a été manifestement déclenché par une faute professionnelle puisque des balles traçantes ont été utilisées au camp militaire» de Carpiagne, près de Marseille (sud-est), a déclaré M. Fillon, précisant que ces balles étaient interdites dans le sud. L'incendie a débuté mercredi en début d'après-midi dans le camp situé au-dessus des célèbres calanques, en pleine saison touristique, et dévoré 1300 hectares de garrigue et pinède avant d'arriver aux portes de la ville dans la soirée. Il a menacé un millier d'habitations, entraîné l'évacuation de plus de 200 personnes, mais n'a pas fait de victimes grâce à la mobilisation de 500 marins-pompiers toute la nuit. L'armée a aussitôt annoncé la suspension d'un cadre de la Légion étrangère responsable des tirs. «Les balles traçantes sont interdites, pas seulement en cette période mais par principe dans les camps du sud, sauf dérogation», a poursuivi le Premier ministre. «Il n'y a pas eu de dérogation. Nous sommes donc en présence d'une faute. Une enquête de commandement est en cours. Naturellement, une instruction judiciaire est également en cours». «Nous attendons les résultats des deux enquêtes pour prendre des décisions, mais il y aura des décisions, c'est-à-dire qu'il y aura des sanctions prises contre ceux qui ont commis ces fautes professionnelles graves», a-t-il ajouté. «Les consignes sont extrêmement claires, les règles sont extrêmement précises, il s'agit d'un acte extrêmement regrettable, déplorable, d'un militaire qui n'aurait pas dû conduire ce tir dans ces conditions», a renchéri le ministre de la Défense, Hervé Morin. «Il ne s'agit pas de condamner l'armée», a-t-il précisé. Selon une source proche de l'enquête, le cadre de la Légion suspendu est un adjudant d'une quarantaine d'années, de nationalité française, très bien noté par sa hiérarchie et doté d'une solide expérience. Il devrait être placé en garde à vue pour incendie involontaire susceptible d'avoir été commis par négligence et destruction de biens par substance incendiaire. Les pompiers tentaient jeudi d'éteindre les derniers foyers de l'incendie, qui a été circonscrit dans la matinée. Quelque 480 hommes restaient mobilisés, appuyés par deux hélicoptères bombardiers d'eau et deux Canadairs. D'épaisses fumées étaient visibles sur les crêtes dominant le quartier de La Barasse (est). Le vent restait soutenu, alors qu'un fort mistral est attendu aujourd'hui. En Corse, trois incendies déclarés jeudi ont détruit près de 4000 hectares de maquis et forêts, selon les pompiers. Les trois feux ont fait cinq blessés légers parmi les pompiers. Deux chevaux ont péri dans les flammes, une cinquantaine de véhicules et une dizaine de maisons ont été brûlés.