Le code pénal a prévu et punit tous les délits, crimes et infractions. Parmi eux, il y en a un que les juges du siège n'aiment pas particulièrement avoir entre les mains et sous les yeux : le port d'arme prohibé. Mais jamais, un inculpé de ce repoussant délit ne s'est présenté devant les magistrats, c'est à raconter et à bien raconter........... A l'appel de ses coordonnées, R. Boubakeur s'avance en marchant presque d'un pas en avant, deux en arrière. Le port d'arme prohibé est un délit que Safia Kellil examine avec la plus grande attention, telle une «pro» de plus de vingt ans d'exercice. Elle désire, elle, la présidente de la section correctionnelle de Rouiba (cour de Boumerdès) savoir le pourquoi de ce port d'arme et surtout contre qui cette arme est portée, en cet été 2009 chahuté. L'inculpé, la vingtaine largement dépassée, cherche ses mots. Il est plus qu'impressionné par le regard éteint de la présidente visiblement submergée par une lassitude et un éreintement qui ne disent pas leurs noms. D'ailleurs, fidèle à sa conduite des débats, cette dame énigmatique, lorsqu'elle a un dossier plus que léger tel cet anodin délit qui est et demeure la bête noire des paisibles citoyens vite effarouchés par la vue d'une lame qui brille. Et il y a aussi dans la salle d'audience, cette vieille fille cadre, venue pour une histoire de non- paiement de la pension alimentaire qui nous sifflera à l'oreille : «Monsieur, le port d'arme blanche est en lui-même horrible. Pensez alors à son usage, brrr», lâche Aziza Beya des hauteurs de la verte Rouiba. Entre-temps, Belaraoui, ce sympathique procureur de l'audience, aura réclamé une peine de prison de un an ferme surtout que Boubakeur R. a beaucoup balbutié n'ayant aucun argument sérieux et tangible pour justifier le port du poignard. Khellil prendra note du dernier mot de l'inculpé qui arrivera quand même à promettre de ne plus s'aventurer à sortir de chez lui, armé, même d'un coupe-ongles. Et il ne restait plus qu'à écouter la juge murmurer la date de l'annonce du verdict car une mise en examen s'impose. Evidemment !