Le chantier de fouilles archéologiques ouvert à la place des Martyrs, dans la commune de la Casbah, devrait être levé au cours de cette semaine. Un rapport détaillé sera adressé aux autorités sur la nécessité ou non de poursuivre l'opération. La place des Martyrs, dans la commune de la Casbah, est soumise, depuis le début du mois de juillet, à des opérations de diagnostic archéologique de sites qui remontent à différentes époques de l'histoire du pays. Cette opération s'inscrit dans le cadre de l'extension du métro d'Alger (Casbah-Grande poste). Les éventuelles découvertes serviront d'éléments supplémentaires pour reconstituer les différentes périodes de l'histoire de l'humanité et de l'Algérie en particulier, a indiqué le responsable de l'atelier, Kamel Stiti, lors d'une visite guidée. Ce projet permettra de «corriger certaines erreurs enregistrées dans l'écriture de notre histoire, souvent écrite par des Occidentaux», a-t-il dit. Les travaux de diagnostic ont permis de découvrir une vallée romaine renforcée d'une muraille sur laquelle jonchent des pièces en céramique remontant à la fin du siècle premier après JC, a indiqué M. Stiti. Sur le même site, un patio de basilique orné de mosaïques et de croix, un décor qui caractérisait l'architecture des IVe et Ve siècles, a également été découvert. Après la démolition de cette basilique, le terrain servait de cimetière où l'on a découvert un nombre de sarcophages dont l'un contient les ossements d'un enfant et d'un bébé, a précisé ce responsable. La couche supérieure renferme un quartier des artisans qui a été complètement rasé en 1831 par les forces coloniales où des pièces de monnaie et d'autres en cuivre et en métal ont été découvertes. S'agissant de la fin des opérations de classification qui concernent deux sites de recherche, M. Stiti a dit que «le délai a été fixé au début août, avant de remettre un rapport détaillé aux autorités algériennes sur la nécessité ou non de poursuivre l'opération en question». Le vice-directeur de l'Institut français des recherches en archéologie préventive (Inrap), Hervé Tito a, de son côté, mis en exergue l'importance de cette opération qui permettra de lever le voile sur certains aspects de l'histoire algérienne et qui reposera sur «la longue expérience de cet institut qui contribuera à réaliser des projets urbains tout en préservant les vestiges archéologiques». L'équipe de travail, composée de 12 archéologues algériens et de 5 spécialistes français, constitue «un autre maillon de la coopération entre l'institut et le ministère de la Culture qui remonte à 2005», a poursuivi M. Tito. Les archéologues ne désespèrent pas de mettre au jour, en creusant encore sur quelques mètres, des vestiges datant de l'époque punique, quand les Phéniciens construisirent des comptoirs le long des 1200 km de côte algérienne, dont celui d'Ikosim, cité ancêtre d'Alger. Ikosim pourrait avoir été fondée au IIIe siècle avant notre ère, estiment les archéologues, qui en ont cependant une «connaissance extrêmement limitée», selon l'Inrap. Il y a plusieurs années, un dépôt monétaire a été découvert lors de l'ouverture d'une rue près de la Casbah, contenant des pièces de monnaie portant l'inscription punique Ikosim et l'effigie d'un homme, qui pourrait être Melqart, un dieu phénicien, souligne l'Inrap. Dans le cadre du projet du métro, les ministères de la Culture et des Transports ont convenu de la nécessité d'adapter les travaux à la nature du site qui renferme des vestiges archéologiques qui «constituent la mémoire et l'identité algériennes» et «doivent être préservés pour les générations futures». Pour rappel, un accord de coopération pour le diagnostic archéologique des sites enfouis sous la place des Martyrs avant le lancement des travaux du métro a été signé entre l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels et l'Institut français des recherches archéologiques préventives (Inrap).