La prévenue est une femme au foyer qui a réussi à leurrer de nombreuses personnes dans le besoin d'un logement. Elle a été condamnée par le tribunal de première instance à une année de prison ferme assortie d'une amende de 20 000 DA. Mouloud, Cherif, Djamila, Rabah, Aïssa sont quelques-unes des victimes qui ont osé la poursuivre en justice. Bien qu'ils soient victimes, ils ont contribué dans une large mesure à la corruption que la loi algérienne condamne sévèrement. Elle est peut-être plus rusée ou ce sont ses victimes qui sont réellement stupides. Après avoir frappé vainement à toutes les portes, les victimes dans cette affaire d'escroquerie ont recouru aux méthodes frauduleuses pour obtenir un logement longtemps espéré. La prévenue, une mère de quatre enfants, dont un nourrisson, a été arrêtée après avoir commis plusieurs larcins. Elle a fait croire à ses victimes qu'elle est la représentante d'une association à caractère social ayant pour but la défense des droits des citoyens. Elle leur a promis des logements. En contrepartie, les victimes ont avoué qu'elles ont versé des sommes allant de 10 à 15 millions de centimes à cette femme qui leur a garanti des logements, sans pour autant se demander si cette dame qui habite dans un gourbi pouvait réaliser ce qu'elle promettait. Devant la cour d'appel, l'inculpée, qui n'a pas cessé de pleurnicher, a nié en amont et en aval les faits pour lesquels elle a été poursuivie. Les victimes auditionnées une par une ont raconté chacune à sa manière ce qui lui est arrivé. Elles sont pourtant fautives, mais elles se sont tout de même constituées en partie civile. Le représentant du ministère public, qui a insisté sur l'application de la loi, a attiré l'attention sur les dimensions dangereuses que cette affaire dissimulait. «C'est une preuve tangible de corruption. Les victimes ont encouragé cette voleuse qui n'a aucune prérogative. Ils le savaient tous, mais peut-être leur avait-elle raconté une version différente de celle qu'on vient d'entendre. L'inculpée avait sûrement promis de jouer le rôle d'intermédiaire», a plaidé le représentant du ministère public. Convaincue des résultats de son procès, l'inculpée n'avait pas fait appel. C'est le procureur qui a fait appel auprès de la cour d'Alger, estimant qu'une année de prison est peu par rapport aux préjudices qu'elle a causés aux victimes et à l'ordre public.