Le silence n'ayant pas réduit ce qu'il considère être des diatribes de très mauvais goût, le président iranien est sorti sur la place publique pour tenter de remettre de l'ordre au sein de son propre camp. Il existerait parmi les ultraconservateurs des «diables» qui voudraient ternir la relation entre Ahmadinejad et le guide suprême. Toutes les tentatives seraient vouées à l'échec, ce qui lie les deux hommes ne se résumant pas à une relation politique, mais bien d'une relation filiale, le second considérant son aîné comme un père. Et si le prétexte de nuire à ce rapport était les récentes nominations du président iranien, il n'y a même plus lieu d'en parler. Sur conseil du «père», Ahmadinejad II a redressé son tort. Son gendre est parti plus vite qu'il est arrivé à la vice-présidence, et il n'y aurait plus un pou à chercher sur la tête d'un chauve. La brouille aurait été totalement dissipée, ce qui devrait permettre aux ultraconservateurs de remonter au front, tous unis contre l'opposition, conduite par le réformateur Moussavi. Solvable sur papier, ce schéma se traduira-t-il dans la pratique par des faits patents ? Rien n'est sûr. Mais ce qui semble certain, l'ouverture du premier procès des «émeutiers», une centaine au total, jetterait énormément d'ombre sur les clivages politiques que nul ne peut nier. C'est dire que la comparution devant la justice de ce premier groupe de manifestants, inculpés pour trouble à l'ordre public, va servir de solide paravent aux divisions qui minent la «majorité présidentielle». Bien qu'ils s'intéressent de très près au moindre nouveau vacillement du régime en place à Téhéran, gouvernements et médias occidentaux vont devoir se détourner de ce sujet. Le temps du jugement premier de ces opposants qui croupissent dans les geôles alors que l'ayatollah Khamenei a ordonné la fermeture du centre de détention de Kahrikaz où seraient détenus des partisans du camp réformateur. Ont-ils été libérés ou transférés dans un autre établissement ? Motus et bouche cousue, tous les procès iront jusqu'à leur terme. De brouille en brouille, depuis le jour de la réélection de leur homme de confiance, le camp des «durs» recommandera-t-il en douce une «amnistie générale» pour l'ensemble des détenus politiques ? Une pareille décision laisserait un peu de répit aux ultraconservateurs qui ne savent plus où donner de la tête avec toutes les demandes de libération qui leur parviennent de l'étranger. A commencer par l'insistance de Paris quant à la libération du réalisateur iranien Jafar Panahi. Le régime iranien risque d'enregistrer une nouvelle requête si le Département d'Etat US venait à confirmer l'arrestation de trois touristes américains qui étaient en train de faire de la randonnée dans le Kurdistan irakien autonome au lendemain du double scrutin. Seront-ils accusés d'espionnage comme l'a été la lectrice française d'Ispahan ? A toutes les brouilles actuelles, le régime iranien ne peut que s'armer de débrouille ; éviter de trop s'isoler au risque de perdre davantage de légitimité. Par Anis Djaad Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir