Comme si la loi ne pouvait pas se suffire à elle-même et s'appliquer à tous dans toute sa rigueur, le nouveau week-end révèle déjà ses violeurs potentiels. Habitués aux interminables attentes des «décrets d'application» ou aux libertés rarement sanctionnées pour cause de «temps d'adaptation», des personnes morales ou physiques spéculent maintenant sur la possibilité et l'impossibilité de traduire sur le terrain une décision pourtant claire dans son contenu comme dans ses motivations. A l'esprit «la loi est mauvaise, changeons la loi», certains semblent préférer «la loi n'est pas mauvaise, mais prenons notre temps pour nous y soumettre». Il est encore heureux qu'on soit encore au stade du scepticisme et de la nonchalance vis-à-vis d'une mesure que personne au demeurant ne semble contester, mais à considérer la nature des interrogations qu'elle suscite chez une partie – sûrement minoritaire – de l'opinion, on se demande s'il ne s'agit pas en l'occurrence de tâter le terrain d'un possible fait accompli qui laisserait les choses en l'état. La loi, on l'applique ou on la conteste. Poser d'approximatives questions sur son applicabilité, l'entourer d'incurables indisponibilités au changement n'est pas très sérieux comme démarche. On peut comprendre quelques appréhensions nées de la faiblesse ou de l'absence de communication officielle, on n'est pas pour autant obligé d'être attentif à chaque fois qu'on nous ressasse notre incapacité génétique à changer. Interrogés par France 2, des opérateurs économiques français ont été d'un implacable réalisme : une journée de gagnée sur le temps de travail dans leur partenariat avec l'Algérie est à saluer. Ils en ont souhaité deux, mais ils savent apprécier ce qu'ils obtiennent à défaut de ce qu'ils auraient aimé obtenir. Et ce qu'ils ont obtenu comme ce qu'ils auraient aimé obtenir n'est apparemment pas évident pour tout le monde de ce côté-ci de la Méditerranée. Juste pour une question d'«habitude», voilà qu'on susurre que personne ne se résoudra à travailler le jeudi parce que c'est la veille du vendredi, que des «privés» continueront comme avant et que des commerçants vont observer la situation avant de décider du jour idéal de fermeture qui n'affectera pas la rentabilité de leur activité. Les choses sont pourtant simples : il y a une décision politique et elle est censée ne souffrir aucune ambiguïté. S'y opposer politiquement est tout à fait respectable, «décider» sans argument qu'elle ne s'appliquera jamais, ou plus grave, se préparer à la violer, l'est beaucoup moins. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir