L'été rime avec dépenses. Si ce n'est pas pour s'offrir un voyage, ce sera pour affronter l'onéreuse étape du Ramadhan qui s'invite tôt cette année ou encore pour convoler en justes noces. Sans nul doute, le mariage est une étape importante dans la vie. Et quand on y arrive, on souhaite ce jour le plus beau de la vie et sa cérémonie mémorable. Mais cherté de la vie oblige, nombre d'Algériens, faute de moyens, n'arrivent pas à concrétiser ce projet, et encore moins à concrétiser la cérémonie idéalisée au plus profond de leur subconscient. Reste alors l'alternative du mariage collectif. L'initiative dont le mérite revient à des associations caritatives et à des âmes charitables a mis du baume au cœur de nombreuses âmes esseulées. Chaque année, ce sont des dizaines de mariages collectifs qui se nouent au niveau national, permettant à des jeunes de caresser le doux sentiment de fonder enfin une famille. Les statistiques sur ce qui est en passe de devenir un véritable phénomène de société parlent d'elles-mêmes : 40 mariages collectifs à Maghnia, 30 à Mascara, 26 à Bordj Bou Arréridj, 18 à Mécheria..., la liste est encore longue. Le dernier en date est celui que l'association Assirem pour la promotion de la femme rurale espère réaliser au profit de 13 couples issus de familles démunies de la commune de Boudjelil, dans la wilaya de Béjaïa. «Espère» n'est pas fortuit, le plus difficile pour ces associations organisatrices, à l'image de l'association Affak et El Irshad oua Islah, qui ont plusieurs projets dans leurs cordes, est de récolter les dons nécessaires pour concrétiser ces projets. Travaillant en collaboration avec les directions de wilaya des affaires religieuses qui détiennent les listes des jeunes qui veulent se marier, les associations qui se sont lancées dans cette branche comptent surtout sur les bonnes volontés pour récolter des dons.Tout comme le mariage familial, celui collectif nécessite des moyens énormes. Pour son projet, l'association Assirem est à la recherche de 336 millions de centimes, nécessaires pour l'achat des chambres à coucher et leur literie, des bagues des époux, du costume et de la robe blanche, sans oublier le cortège des heureux mariés et les victuailles pour confectionner les repas des noces. Ghardaïa, la pionnière La wilaya de Ghardaïa, connue pour son ancestrale solidarité, a fait des mariages collectifs une activité ordinaire. Depuis la nuit des temps, les mariages collectifs existent à Ghardaïa. Dans les différents ksour millénaires de la vallée du M'zab, il est de coutume que chaque personne aisée associe, à l'occasion de son mariage, des couples ne pouvant pas prendre en charge les lourdes dépenses de la cérémonie du mariage. Une initiative qui s'inscrit dans le cadre des activités sociales et de bienfaisance auxquelles participe toute la communauté mozabite, mais aussi une façon intelligente de lutter contre le célibat et de consolider par là même la cohésion sociale dans cette région du pays. Chaque année, une vingtaine de mariages avec à chaque fois une vingtaine de couples démunis sont unis grâce à la générosité des autres. Il est, en effet, mal vu dans cette société en particulier, et dans le Sud algérien en général, qu'une partie de ses citoyens restent, en matière de mariage, au ban de la société, et ce, pour des raisons financières. A l'inverse d'autres sociétés, où ces mariages collectifs ne sont pas de rigueur et où avouer à ses parents son envie de se marier reste tabou à ce jour. Une situation qui vient grossir les rangs des célibataires endurcis, dont 800 000 pour la seule wilaya d'Alger. Parmi cette catégorie, il en est qui se vont se murer dans un mutisme dangereux. Et si cette situation était l'une des raisons du suicide des jeunes ?