Les opérateurs des secteurs du bâtiment et des travaux publics attendent avec impatience l'arrivée du ciment importé. Le million de tonnes de ciment importé signifie pour eux la fin d'un véritable calvaire. «Il faut inonder le marché du ciment pour équilibrer et stabiliser une fois pour toutes les prix pratiqués actuellement qui sont hors de portée des opérateurs», a affirmé un entrepreneur. La situation sur le marché national continue d'être critique. Elle ralentit énormément la cadence des travaux engagés, ce qui risque de provoquer des retards énormes dans la livraison des projets en cours. «Cette situation dure depuis le mois de février. La pénurie de ciment dans les différentes unités de production a sérieusement perturbé le rythme des travaux», nous a affirmé un opérateur du secteur du bâtiment. Différence de prix dans les cimenteries Les opérateurs évoquent également les prix du ciment qui restent très élevés au niveau des cimenteries, des grossistes et sur le marché noir. «Nous avons été contraints de nous approvisionner au marché noir à des prix exorbitants pendant plusieurs mois quand les cimenteries ne fournissaient pas cette matière. C'était impossible pour nous d'arrêter les chantiers vu les engagements que nous avions pris», nous ont expliqué des opérateurs. L'arrêt des travaux n'a pas été possible en raison de la pression exercée sur les opérateurs et les différentes charges qu'ils sont contraints d'assumer en cas de suspension. Le prix du sac de ciment au niveau des cimenteries varie actuellement entre 420 et 700 dinars le sac. «Il y a une différence dans les prix appliqués dans les cimenteries relevant du secteur public et celles du secteur privé. La différence est de l'ordre de 240 dinars sur le sac», nous affirment les opérateurs qui relèvent également une différence dans la qualité du ciment livré dans les deux unités. A ce propos, ils évoquent le problème du contrôle de la qualité du ciment qui ne se fait pas de façon régulière. «Ça nous est arrivé d'avoir des problèmes à cause de la mauvaise qualité et des composants du ciment», ont-ils affirmé. Au niveau du marché noir, le prix du sac de ciment peut atteindre le double des prix affichés dans les cimenteries. «Le problème que nous avons rencontré durant ces derniers mois c'est le manque de ciment chez les grossistes. Les opérateurs trouvent des quantités importantes sur le marché noir pendant que les cimenteries ont cessé la production alors que les grossistes avaient peur d'exposer ce ciment», ont affirmé des opérateurs. Les opérateurs étrangers mettent le prix Les opérateurs affirment que les commandes de ciment qu'ils font auprès des cimenteries ne sont pas totalement satisfaites. «Nous obtenons, en général, la moitié de la quantité demandée. Les premiers mois de la pénurie, nous recevions beaucoup moins que ça. Nous avons traversé une situation très difficile. Ceci s'ajoute aux humiliations que nous recevons de la part des travailleurs des cimenteries. Nous avons été maltraités alors que nous achetions avec notre argent et pour des projets d'utilité publique et non à titre personnel», nous ont-ils affirmé. La cadence de l'avancement des chantiers en cours de réalisation n'a pas atteint les 70% depuis plusieurs mois, et ce, malgré les efforts déployés. «Pendant les premiers mois de la pénurie, il était de l'ordre de 40% seulement», affirment les opérateurs qui n'écartent pas des retards dans la livraison des projets. Les opérateurs nationaux affirment que les entrepreneurs étrangers qui travaillent sur les mêmes chantiers ne rencontrent pas ces problèmes. «Leurs chantiers n'enregistrent aucun retard. Ils achètent de grandes quantités de ciment qu'ils payent le double du prix. C'est une façon d'augmenter encore les prix et de détourner la marchandise sur leurs chantiers en cas de pénurie. C'est, quelque part, normal car l'Etat ne pratique pas les mêmes prix sur la réalisation», ont-ils affirmé. Les entrepreneurs attendent l'arrivée des premières quantités de ciment qui devrait les soulager et solutionner une bonne partie des problèmes qu'ils rencontrent actuellement.