Six familles locataires du centre spécialisé de rééducation II de Birkhadem ont fait l'objet d'expulsion le 17 juin. Depuis, les 32 personnes concernées, dont six femmes et 14 enfants, vivent dans la rue, sous des tentes conçues à leur manière avec les moyens du bord. Djamel Nessekh, un des expulsés, a pu se procurer une tente de fortune qu'il a pu dresser juste à l'entrée du centre. «Là, c'était la décharge du lycée que vous voyez juste à côté», témoigne sa femme désespérée. Cette femme pense beaucoup plus à ses enfants qui devront reprendre l'école prochainement. Son aîné, 13 ans, ne veut plus qu'on lui parle de l'école. Il a honte que ses camarades de classe sachent que sa famille est expulsée et s'abrite sous une tente de fortune. «Quand je serai grand, je vais me venger.» C'est la phrase qu'il ne cesse de répéter chaque jour. Des enfants traumatisés, une vieille femme de plus de 70 ans hospitalisée, des pères de famille s'absentent au travail pour veiller sur leur famille, literie et meubles endommagés, un adolescent de 17 ans qui a fugué, ce sont, entre autres, les conséquences de cette décision du ministère de la Solidarité nationale. La décision de leur expulsion a été prise par la justice en faveur du ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l'étranger. Les quatre frères Nessekh occupaient un logement de fonction de leur défunt père acquis depuis 1958. En 1965, il décède dans un accident de travail. En 2001, cette famille ainsi que deux de leurs voisins ont reçu une convocation de la justice, suite à une plainte déposée par le ministère de la Solidarité nationale. Les destinataires de la convocation ont fait appel du verdict qui était en faveur du ministère. En 2006, l'affaire rebondit. En 2008, la justice tranche la question. Les familles doivent quitter leur logement. Le département de Ould Abbas veut récupérer ces logements et les transformer en bureaux. Mais juste après l'expulsion, le ministère a décidé, selon nos interlocuteurs, de recevoir les enfants de la communauté algérienne à l'étranger dans «nos logements». «Le ministre a décidé de les abriter ailleurs car il ne voulait pas que ces émigrés sachent qu'il nous a mis dehors pour leur trouver un hébergement», dénonce encore l'un d'eux. «Mon frère et un de nos voisins étaient pompiers durant plus de 25 ans. Ils ont sacrifié leur vie à sauver des vies et, aujourd'hui, ils se retrouvent dans la rue avec leurs familles, livrés à eux-mêmes», témoigne encore Djamel Nessekh, fonctionnaire au ministère de la Solidarité nationale depuis plusieurs années. Les deux voisins, qui occupent encore des logements au sein de ce centre, sont également menacés d'expulsion. Ami Lakhdar est convoqué par la justice pour le 8 octobre alors que le second voisin devrait répondre à la convocation, deux jours après, soit le 10 octobre.Les six familles continuent de vivre le calvaire et le traumatisme de leurs enfants en attendant des jours meilleurs.