Beaucoup d'interrogations sont posées par les présidents des organisations patronales algériennes à propos de l'application de l'offre faite par la Banque extérieure d'Algérie (BEA), qui propose des crédits documentaires à payement différé ainsi que des crédits relais. Ces opérateurs saluent néanmoins la prise de cette mesure qu'ils considèrent encourageantes et porteuse d'un effet de soulagement chez tous les producteurs locaux. «L'annonce de l'offre de la BEA constitue pour nous un très bon signe pour débloquer la situation et trouver des solutions aux problèmes posés par les producteurs nationaux qui sont aussi les importateurs de la matière première», a précisé Abdelaziz Mehenni, président de la Cipa. Cependant, notre interlocuteur s'interroge sur les procédures de la mise en application de cette décision et sur les opérateurs qu'elle va toucher. «Dans ce cas de figure, la BEA sera-t-elle un guichet unique pour les opérateurs nationaux ou sera-t-elle un chef de file chez qui les autres banques vont déposer tous les dossiers des opérateurs ? Si la décision ne concerne que les clients de cette banque, on veut savoir ce qu'il en est des autres opérateurs non domiciliés à la BEA ?», s'est-il interrogé. «On veut également savoir si les autres banques de droit algérien sont concernées par ces mesures ?» Le président de la Cipa se dit attendre d'autres précisions et éclairages concernant ce dossier. «Il est question également de connaître quelles sont les conditions exigées pour accepter l'octroi de ce type de crédit aux opérateurs. Qui est concerné ? Selon les informations rendues publiques, ce système de payement concerne les opérateurs bancables, ce qui suppose la présentation de garanties sous forme d'hypothèque et autres. Or les opérateurs ont donné toutes les garanties dont ils disposaient par le passé pour se faire domicilier chez des banques afin d'assurer la pérennité de leur activité, a souligné M. Mehenni. Le président de la Cipa propose de tenir une réunion entre les patrons et tous les directeurs des banques pour débattre des dispositions de la loi de finances complémentaire et tenter de trouver les solutions qui arrangent tout le monde. Les mesures proposées par la BEA sont, selon M. Mehenni, très intéressantes, notamment en termes de délais proposés à même de permettre aux opérateurs de se substituer aux facilitations accordées par les fournisseurs étrangers. La nature des opérateurs qui bénéficieront de ces mesures fait également partie des questions soulevées par le président de la Cipa, estimant que la banque en question n'est pas spécialisée dans le secteur de la PME dans la mesure où elle propose une multitudes de produits aux entreprises de toutes les tailles. Notre interlocuteur revient sur la nécessité d'améliorer la relation entre les opérateurs et les banques. «Instaurer ce dialogue est une question prioritaire qui va provoquer l'implication générale de tous les partenaires», a-t-il encore indiqué. Habib Yousfi, président de la CGOA, s'est abstenu de faire un commentaire à propos de cette mesure avant la tenue d'une assemblée générale dans les prochains jours. Les autres banques suivront-elles ? Le président de l'AGEA a salué, quant à lui, ces mesures, estimant que c'est un moyen de manœuvre que cette banque a trouvé en vu de contourner les dispositions contenues dans la loi de finances complémentaire. «C'est un bon nouveau produit que la banque vient de lancer en faveur des fabricants locaux. C'est une bouffée d'oxygène pour tous», a expliqué M. Mezine, président de l'AGEA. M. Mezine a émis le souhait de voir cette mesure généralisée aux autres banques. «Nous espérons que toutes les autres banques suivent pour faire bénéficier tous les opérateurs et assurer une plus grande couverture à tout les producteurs», a-t-il ajouté. Pour rappel, la BEA a lancé un nouveau produit aux importateurs de matières premières, à savoir le crédit documentaire à paiement différé et le crédit relais. Ces instruments de paiement proposent aux importateurs des credoc à paiement différé pour des échéances de 30, 90 et 180 jours et pouvant aller jusqu'à même un an.