Critiqué de toute part, l'Exécutif cède et concède : le crédit documentaire « imposé » comme seul moyen de paiement des opérations du commerce extérieur sera assoupli. « Les banques sont prêtes à prendre les dispositions nécessaires avec leur clientèle qui importe des produits semi-finis et des intrants nécessaires à la production nationale, pour atténuer au maximum les contraintes de trésorerie et les coûts d'engagement et de mobilisation des crédits documentaires », nous révèle Abderahmane Benkhalfa, délégué général de l'Association des banques et des établissements financiers (ABEF), joint hier par téléphone. D'après lui, il sera question du rééchelonnement de la couverture du crédit sur une période pouvant aller jusqu'à une année. « Les banques mettront en place des formules moins contraignantes pour atténuer les coûts de la trésorerie au profit du client », ajoute-t-il, précisant que ces mêmes banques vont intervenir en aval pour diminuer les coûts des commissions bancaires même pour l'exportateur. « L'exportateur et l'importateur payent les commissions. Pour éviter qu'elles soient trop importantes, les banques algériennes peuvent demander à ce que l'exportateur ne soit pas frappé d'un fort taux », note un banquier. La Banque extérieur d'Algérie (BEA) a pris des mesures d'assouplissement, selon Mohamed Loukal, président-directeur général de la BEA, cité hier par l'APS. Ainsi, les importateurs des matières premières pourront disposer de crédits documentaires (Credoc) à paiement différé et le crédit-relais pour des échéances respectivement de 30, 90 et 180 jours et pouvant aller jusqu'à même un an. « Il s'agit de mettre en place une ligne de trésorerie supplémentaire à l'effet de permettre aux clients importateurs de bénéficier d'une aisance de trésorerie sous forme de crédit-relais », argue-t-il. Dans le cas où l'importateur, à la fin de l'échéance, est incapable d'honorer son crédit, la BEA, estime M. Loukal, se propose de transformer son Credoc en crédit-relais. Ne sont concernées par ce moyen de paiement que les entreprises bancables « importatrices des matières premières », rappelle le patron de la BEA. Exit donc, selon lui, les importateurs spécialisés dans la revente en l'état à l'exception de « certains produits stratégiques ». En outre, la BEA affiche sa disponibilité à accompagner les entreprises dans des négociations en matière de délais, prix et frais, en recourant à son réseau de correspondants à l'étranger, souligne encore M. Loukal. Il faut dire que la loi de finances complémentaire (LFC) 2009 n'a pas jeté autant de trouble dans les milieux économiques. Deux mesures, à savoir l'institution du crédit documentaire ainsi que l'annulation de la procuration, ont suscité un tollé général. Organisations patronales et dirigeantes d'entreprises n'ont pas cessé de crier au loup dans la bergerie. Dénonçant l'incongruité d'une telle disposition qui risque de grever les trésoreries des entreprises nationales productrices et de faire disparaître bon nombre d'entres elles, les opérateurs économiques nationaux et étrangers ont presque unanimement stigmatisé la démarche unilatéraliste des pouvoirs publics dans la prise de décision. Même ceux qui ont prêté le flanc au président de la République le temps d'une campagne électorale, le FCE pour ne pas le citer, ont émis des critiques acerbes à l'endroit des concepteurs de ladite loi. Cette reculade du gouvernement, bénéfique au demeurant aux opérateurs économiques, sur le sujet du crédit documentaire, démontre une gestion à la hussarde des affaires économiques et confirme un détestable comportement. Autiste, le gouvernement pond des lois sans consulter les concernés, envoie ses représentants les défendre bec et ongles, avant de revenir en arrière sur ses premiers choix.