Englué dans l'affaire de la libération de l'ex-agent libyen par la justice écossaise, le gouvernement de Londres va-t-il subir de vilaines attaques de la part de l'opposition comme celles menées par les socialistes français contre la venue du colonel Kadhafi à Paris ? Consacrant l'essentiel de sa campagne au comment «peut-on laisser le maître de Tripoli planter sa tente où ça lui chante à Paris ?», la gauche aurait omis le temps qu'avait duré sa cure de critiques que la Jamahiriya a été patronne du conseil des droits de l'homme aux Nations unies durant un mandat. Elle l'aurait bien méritée sa présidence, la Libye ayant renoncé à tous ses projets de détenir un jour l'arme atomique. Tony Blair avait même fait le déplacement jusqu'à Tripoli pour féliciter la sagesse du guide et, dans la foulée, parler business. Alors que l'ancien Premier ministre britannique n'a jamais vraiment su par où prendre la feuille de route pour la paix au Proche-Orient, le guide de la Jamahiriya s'est lui demandé quand est-ce qu'il faut remettre les pendules à l'heure. Ne manquait plus aux services de Gordon Brown qu'à jurer par trois fois sur la Bible quant à la non implication de Londres dans la libération de l'ex-espion libyen, ils ne savent plus quoi faire de l'amitié anglo-libyenne que Mouammar El Kadhafi veut sceller personnellement aussi bien avec Gordon Brown qu'avec sa Majesté la reine. Mais avant d'atteindre ce palier d'empathie, le successeur de Tony est aimablement invité à parapher les contrats commerciaux qui lieraient les deux pays. Et c'est Seif El Islam, le digne fils de son père, qui a été désigné pour rappeler Londres à ses engagements et, probablement, pour superviser à la loupe la suite des événements. En insistant sur le fait qu'il n'a jamais eu à lever le petit doigt pour que le seul condamné dans l'affaire de Lockerbie soit libéré, le gouvernement Brown aurait-il eu l'intention de se débiner à tout ce qui serait resté en suspens après le départ de Tony Blair du 10, Downing Street ? Le guide aurait-il choisi de léguer ce «contentieux» à son héritier maintenant qu'il est presque certain que ses futurs amis sont un peu plus «coincés» ? Le guide suprême – pas celui qui a décidé d'ouvrir les installations nucléaires à l'appréciation des inspecteurs de l'AIEA dès l'instant que les menaces de frappes sont persistantes – a semblé déjà s'atteler à un tout autre propos qui évidemment n'a pas manqué de provoquer un tollé général de par l'Afrique et bien au-delà. Le Darfour n'étant plus en proie à la guerre proprement dite, paroles d'émissaires onusiens et de généraux de la force combinée pour la paix et la sécurité, Mouammar El Kadhafi a fait une proposition du moins inattendue aux populations du Sud Soudan. Parce qu'elles ne sont pas musulmanes et parce qu'elles ne sont pas arabes et ne pratiquent pas la langue officielle de ce pays, le guide s'est dit se tenir à leur entière disposition si la moindre idée d'indépendantisme venait à leur effleurer l'esprit. Tellement provocateurs ces propos qu'à Khartoum on peine à y croire. Pas possible que le grand défenseur du projet de création des Etats-Unis d'Afrique puisse songer à un Soudan qui, demain, perdrait partiellement de son intégrité territoriale. Déjà sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale et parce qu'il est directement concerné, le président Omar El Bachir se sentirait-il un peu plus floué par ce que propose le guide que le reste de ses pairs africains ? Il serait beaucoup plus dur à lire attentivement que son propre livre vert.