A présent son gouvernement plus au moins stable, malgré l'attente stressante au sujet de l'inculpation de son chef de la diplomatie, Benyamin Netanyahu a entamé sa première tournée européenne à Londres qui fait face actuellement à un casse-tête… libyen. Au 10, Downing Street, Gordon Brown cherche comment s'en débarrasser. Ses services ont beau démentir tout rôle soit-il dans la libération de l'ex-espion libyen, le guide de la Jamahiriya n'a cessé depuis le retour triomphal d'El Megrahi de remercier le Premier ministre britannique et sa Majesté la reine. Au point que la presse d'outre-Manche a fini par tomber dans ce jeu «du qui dit vrai». Tendance quasi générale à la lecture des manchettes, Londres a aidé à la libération du condamné à mort par cancer en phase terminale, en échange de contrats paraphés d'or noir. Il n'en a jamais été question, la décision de libérer le seul coupable dans l'affaire Lockerbie a été prise souverainement par les autorités écossaises et par elles seules. Mais parce que le colonel El Kadhafi semble faire des pieds et des mains pour «mouiller» les Anglais, la réaction est venue de Buckingham palace. Son protocole a fait savoir que le voyage du prince Andrew en Libye a été purement et simplement annulé, la «dégoûtante» descente d'avion de l'ex-agent secret libyen à Tripoli ne peut être appréciée en Grande-Bretagne. Et surtout pas dans les rangs de l'opposition écossaise qui a déposé une mention de censure contre le gouvernement autonome en poste. Mouammar El Kadhafi peut serrer dans ses bras le temps qu'il voudra l'ex-espion de la Jamahiriya, Gordon Brown reçoit lui à bras grands ouverts Benyamin Netanyahu. Vient-il lui dire sa haine des vikings et de la démocratie suédoise qui n'a pas pris la sale habitude de museler sa presse ? Le sauveur des colons israéliens consacrera l'essentiel de son temps à demander à la Grande-Bretagne d'insister auprès des pays arabes pour qu'ils remettent leur plan de normalisation sur la table, l'Américain George Mitchell n'ayant pas été apparemment assez convaincant. Un désir qu'il veut voir s'exaucer avant qu'il n'abatte son atout de chantage, la poursuite de la colonisation. Mais à Londres et partout ailleurs où il passera sur le vieux continent, il chuchotera à l'oreille de ses alliés la nécessité de renforcer le régime de sanctions contre les mollahs, leur souhait de bienvenue à des inspecteurs de l'AIEA ne serait que de la poudre d'uranium aux yeux. Paix globale ou guerre préventive par l'isolement, le colon à deux têtes doit savoir que l'on ne peut pas courir deux lièvres à la fois.