Mois des caprices et des dépenses insensées, Ramadhan 2009 n'aura pas dérogé à la règle. A Annaba, alors qu'on ne fait qu'entamer la deuxième décade du mois sacré, la frénésie de la consommation continue à faire des siennes au sein des foyers, et il semble que cette lubie budgétivore finira par terrasser ceux-ci avant le coup de l'Aïd. Le mal est fait, apprendra-t-on, de la bouche même des pères et mères de famille concernés, et parler aujourd'hui de budgétisation ou de rationalisation des dépenses courantes à ces derniers paraît bien déplacé. Pour tenter de vérifier s'il y en a quand même qui arrivent à maîtriser les cordons de leur bourse, une virée du côté des marchés d'El Hattab, de Djebanet Lihoud et enfin du marché central de Annaba a été nécessaire. Les réponses que nous avons pu recueillir, à la question de savoir combien coûte le mois sacré de ramadhan aux familles, vont de beaucoup trop à inconsidéré, en passant par le classique «je n'ai pas encore fait mes comptes, mais cela sûrement deux fois plus que ce que j'avais prévu comme frais d'alimentation». Chiffrées, ces estimations culminent en moyenne à hauteur de 35 000 voire 40 000 DA, sauf dépenses imprévues, rien que pour la nourriture de familles se composant de 5 à 6 personnes. Une hausse significative des dépenses totales des ménages qui bondissent de 25 000 DA en temps normal au double pendant le mois sacré. La majeure partie des personnes interviewées assure qu'au-delà des spécificités régionales, des préférences des uns et des autres, un repas de ramadhan qui se compose d'une chorba frik, de briks ou de bourek, d'un plat de résistance et d'un minimum de sucreries, d'entremets ou de fruits de saison peut coûter jusqu'à 1500 DA, selon que l'on achète de la viande blanche (qui n'est pas donnée), ou rouge (fraîche ou congelée). Des pères de famille avouent pudiquement qu'ils ont sacrifié beaucoup en n'achetant plus de dattes et de lait de vache, dont les prix ont sensiblement augmenté ces derniers jours. Aceux-là ne parlez surtout pas de jus de fruit, de qalbellouz, qu'on désigne par Harissat Ellouz à Annaba, de pâtisseries et autres sucreries orientales, ils vous diront tout simplement qu'ils n'en ont pas les moyens. Que reste-t-il donc pour faire face aux autres frais courants des ménages et surtout pour parer au plus pressé, s'agissant de la rentrée scolaire qui coïncide avec l'aïd el fitr cette année ? Les yeux pour pleurer. «Avec 40 000 DA par mois, tu n'as plus rien aujourd'hui, même si tu es le plus méticuleux des économes», déplorera ce vieux annabi.