Les prix des produits de large consommation ont largement entamé les budgets mobilisés laborieusement par les familles oranaises pour faire face aux dépenses du mois de Ramadhan. C'est du moins l'avis de plusieurs chefs de familles que nous avons eu l'occasion d'approcher au cours de nos différentes visites aux marchés de la ville. Un agent de bureau, qui déclare un salaire de 15 000 DA, s'est dit désorienté par la flambée des prix au niveau des marchés du centre-ville. «Avant, il y avait des différences entre un quartier et un autre, mais aujourd'hui les commerçants se sont donné le mot pour afficher tous les mêmes fourchettes de prix», dira-t-il. Un autre Oranais avoue qu'il avait prévu un budget de 20 000 DA, en sus de son salaire, pour faire face aux dépenses du mois sacré. «J'ai gagé des bijoux à la BDL du centre-ville. J'ai réussi à obtenir un prêt de 45 000 DA qui devait me permettre de faire face aux dépenses de Ramadhan, à celles de la rentrée scolaire et de l'Aïd. Malheureusement, toutes mes prévisions se sont avérées fausses puisque depuis le début de la période de jeûne je dépense en moyenne 700 à 1200 DA. En faisant les comptes, je découvre que mon budget est largement entamé et je ne sais pas comment faire pour faire face aux dépenses de la rentrée et de l'Aïd», dira-t-il. Pourtant, il se définit comme quelqu'un de mesuré dans ses dépenses, qui ne fait aucun excès. «Mes courses, je les fais aux marchés populaires. Malgré cela je ne sais pas où donner de la tête. C'est vraiment ruineux. Si vous avez besoin d'exemples de prix qui donnent le tournis faites un tour du côté du marché Michelet, ce sera la syncope garantie», dira-t-il. Les Oranais se disent dépassés par la frénésie des prix. Les économies laborieusement constituées fondent comme neige au soleil. Même les prêts contractés auprès de connaissances ou de la BDL et qui étaient censés servir au financement des achats de Ramadhan, de la rentrée scolaire et de l'Aïd n'ont pas tenu. «Je ne sais pas comment font les gens pour ne pas devenir fou. La viande ovine qui est proposée par les unités de l'Orvo à 680 DA est introuvable. Même cas pour la volaille dont le prix est fixé à 250 DA le kilo. Mais allez trouver un os, ce n'est pas possible avec le nombre de clients qui prennent d'assaut très tôt le matin les deux points de vente», avoue Seddik. Ce dernier reconnaît la mort dans l'âme que le consommateur a une large part de responsabilité dans cette situation. «Nous aurions pu au moins faire preuve de retenue, mais au lieu de cela on s'est engagé dans une boulimie qui nous a ruinés», avoue-t-il. Les jours se passent ainsi à Oran. Le citoyen se lève le matin pour compter les maigres sous qui lui restent avant d'aller à la conquête des marchés de la ville, une conquête qu'il paie chaque jour un peu plus chère.