Trois semaines après sa mise en application, le week-end dit semi-universel n'en finit pas de susciter commentaires et opinions opposées, et surtout de poser des problèmes pratiques d'organisation dans quasiment tous les secteurs socioéconomiques. De plus, en l'absence de textes d'application globale qui devaient suivre la décision du conseil des ministres du 21 juillet 2009, mais qui n'ont pas encore vu le jour, chaque secteur prend les mesures d'application à sa manière. Ce qui ne pouvait pas aller sans provoquer des distorsions d'ensemble et créer des situations inattendues, et pas toujours sensées. Un rapide bilan montre que l'emploi du temps du pays est en plein cirage, d'autant plus préoccupant qu'il est connu que la gestion rationnelle de celui-ci, à l'échelle collective comme individuelle, est une des conditions fondamentales de l'équilibre et du développement. Passons sur la nécessité d'adaptation du rythme biologique personnel à la nouvelle répartition des tâches et des horaires de travail et de loisirs – oui ! – dans le nouveau contexte, pour la bonne et simple raison que les Algériens (et les Algériennes, bien sûr) n'ont pas l'habitude que l'on pense à eux de façon à évaluer les désagréments que peut leur occasionner une décision prise à la hussarde, habitués qu'ils sont à subir stoïquement tout avatar. On aura constaté que cette décision a créé, en quelque sorte, deux collèges dans la corporation de la presse, puisque certains titres, disposant de leurs propres moyens d'impression et de distribution, peuvent s'adapter sans trop de difficultés au nouveau week- end, tandis que leurs autres confrères sont maintenus dans le fonctionnement ancien en vertu du diktat des imprimeries du secteur public de ne rien changer à l'ancien système. D'un autre côté, l'intérêt intrinsèque de l'élève et de l'étudiant n'a pas pesé lourd, et en dépit de toute règle pédagogique, on est en train de réaménager les temps d'études au pifomètre ou, plus exactement, en tenant compte d'impératifs idéologico-politiques qui, par ailleurs, ne sont pas clairs, car non assumés ouvertement. Remarquons que, de fait, la zizanie règne dans le secteur public au sens large du terme (institutions sociales, économiques et culturelles), mais n'influence pas de manière déterminante le secteur privé, surtout quand les dirigeants de celui-ci sont précisément déterminés à faire passer le travail avant toute autre considération. Sans même aller jusqu'à citer l'exemple de grandes entreprises privées, il est évident que les commerces, petits et grands, peuvent fonctionner comme ils le veulent selon ce que leur dictent leurs intérêts. Ainsi, ce commerçant interrogé sur le fait qu'il ouvre le samedi, réputé journée de repos, nous a répondu qu'il ne faisait que prendre en considération que ce jour-là, les travailleurs libres vaquent à leurs achats et, par conséquent, il serait absurde de sa part de fermer le jour où il y a le plus de clientèle. En réalité, tous les dysfonctionnements et la folle course qui s'ensuit pour les rattraper n'ont qu'une seule et même origine, à savoir le fait que le vendredi matin soit chômé, sinon le nouveau week-end n'aurait été qu'un décalage sans grande conséquence de vingt-quatre heures par rapport au précédent. Il est certain que la polémique n'est pas près de s'arrêter sur ce sujet, et, pour s'en convaincre, il n'y a qu'à écouter la rue et lire les opinions contradictoires publiées dans la presse, toutes langues confondues.