Après le port de Marseille, qui a affiché une baisse de son activité à cause de l'application de la loi de finances complémentaire 2009 en Algérie qui a prévu plusieurs mesures pour contrôler les importations, c'est au tour du port de Rouen d'afficher son inquiétude quant à la baisse de son activité dans les prochains mois. Sa crainte est liée à un éventuel recul des exportations de céréales vers les pays du Maghreb, dont l'Algérie. Après avoir enregistré une hausse des exportations de céréales au départ de Rouen au cours de la campagne 2008-09 qui s'est achevée fin juin avec un total de 7,5 millions de tonnes, le Grand port maritime de Rouen (GPMR) s'inquiète et préfère rester prudent pour ce qui concerne l'activité au cours des prochains mois. Son motif est la bonne récolte enregistrée au Maghreb. «L'Algérie a toutefois commencé à acheter, mais plus modérément que l'an dernier, et le Maroc devrait en faire autant lors de la deuxième partie de la campagne lui aussi à un niveau moins élevé», révèle GPMR. Selon des responsables de ce port, les céréales européennes restent «compétitives» sur le marché mondial même après la réduction des subventions à l'export décidée par Bruxelles au milieu de la décennie. Ainsi, plus de 60 % des céréales chargées à Rouen ont été destinées aux pays du Maghreb. L'Algérie, premier client du port dans ce domaine, a importé 2,95 millions de tonnes alors que le Maroc a importé 1,69 million de tonnes. Les quantités exportées à partir du GPMR ont plus que doublé en direction de ces pays qui avaient enregistré «une très mauvaise récolte» en 2008 et qui souhaitaient reconstituer leurs stocks. Pour compenser le recul des exportations vers les pays maghrébins, une certaine compensation devrait venir du côté de l'Egypte qui a déjà acheté plus de 600 000 tonnes de blé français au début de la campagne 2009-10 contre 215 000 lors de la précédente. Outre le port de Rouen, des exportateurs français de céréales affichent également leurs inquiétudes quant à la chute des quantités exportées. Les blés français risquent de rencontrer des difficultés à l'exportation, d'autant que les clients traditionnels du Maghreb ont annoncé de bonnes récoltes dans leur pays. «La France recherche déjà de nouveaux marchés pour être en capacité d'exporter», annoncent des producteurs céréaliers. Par ailleurs, l'Algérie importera une importante quantité de blé en 2009. Selon les prévisions du Conseil international des céréales (CIC), l'Algérie demeure l'un des plus gros importateurs de blé après l'Egypte, les pays de l'Océanie, le Brésil, les pays d'Europe, le Japon et l'Indonésie. Malgré une récolte céréalière qui s'annonce excellente, pour atteindre les 6 millions de tonnes (toutes espèces confondues), les importations de blé atteindraient 5,2 millions de tonnes.