Après avoir exprimé des inquiétudes au sujet des nouvelles mesures prises par l'Algérie pour limiter les importations, certaines PME exportatrices françaises veulent préserver leurs parts de marché en affichant une volonté pour trouver des solutions qui répondront aux intérêts des deux parties. La secrétaire d'Etat française au Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, a suggéré un partenariat portuaire avec le port d'Alger, citant notamment le domaine informatique. Sans fournir plus de précisions, elle a indiqué à la presse de l'Hexagone que «d'autres propositions techniques seront affinées dans les prochains jours». La 3e Semaine économique de la Méditerranée à Marseille, organisée la première semaine d'octobre, a été une nouvelle occasion pour les entreprises françaises pour mettre en avant leurs inquiétudes quant à l'application des nouvelles règles qui régissent les importations et les investissements en Algérie. Les PME exportatrices de Marseille particulièrement demandent des souplesses et un délai de transition pour la mise en application des différentes dispositions décidées notamment dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009. Ils n'écartent pas la possibilité de faire des propositions concrètes pour fluidifier le commerce sans pour autant s'immiscer dans la politique économique algérienne. Craignant une baisse des exportations à partir du port de Marseille, Michel Vauzelle, président du conseil régional Paca, veut créer à Alger une maison de Marseille-Provence. Prônant un intérêt partagé, ce projet, a-t-il expliqué, vise à encourager les échanges entre Marseille et l'Algérie qui est le troisième partenaire commercial du port de Marseille-Fos. L'interdiction d'importer un matériel d'occasion pénalise considérablement ce port et les professionnels qui l'entourent, avaient alors relevé des représentants de cette infrastructure portuaire. Selon la Chambre française de commerce et d'industrie en Algérie (CFCIA), «la loi de finances complémentaire 2009 n'interdit pas expressément l'importation de machines d'occasion». Ceci a donné un espoir aux milieux économistes marseillais qui proposent de mettre en place à Marseille-Fos une zone de contrôle de conformité des engins et des biens d'équipements d'occasion destinés à la revente. Ces contrôles seraient effectués par des organismes agréés par l'Etat algérien. Par ailleurs, l'instauration du crédit documentaire ou crédoc, devenu systématique pour toute opération d'importation d'un montant supérieur à 100 000 DA, reste sujet de critique par les entreprises tant en Algérie que dans les pays exportateurs, notamment en France. Les motifs avancés par les uns et les autres sont liés aux lourdeurs administratives et aux délais supplémentaires qu'ils induisent, en plus des coûts supplémentaires que devront supporter les importateurs et les opérateurs économiques. Les entreprises françaises qui ont des marchés en Algérie évaluent ces surcoûts à environ 300 euros pour une transaction inférieure ou égale à 50 000 euros. L'activité bancaire en hausse L'imposition de ce dispositif pourtant fort contesté a été bénéfique, par ailleurs, pour certaines banques qui ont vu leur activité se développer. Les délais d'obtention des crédoc sont au minimum de trois semaines car les banques sont débordées. Pour la filiale algérienne de Natixis par exemple, le nombre de crédits documentaires à traiter est passé de 100 en juillet à 800 au mois d'août, indique la presse spécialisée. Mis en place dès le 4 août, le système connaît à présent une certaine régulation. Après une diminution considérable du volume des importations suite à la mise en œuvre du crédit documentaire, «les trafics vers l'Algérie ont bien repris», a reconnu Hervé Balladur, transitaire à Marseille et président de l'Union maritime et fluviale, dans une déclaration à la presse de l'Hexagone.