Rien qu'en évoquant les multiples couacs qui ont caractérisé la rentrée scolaire, «ratée», selon plusieurs observateurs, il n'est pas à écarter que la rentrée universitaire prévue le 4 octobre sera elle aussi «compromise», comme le craignent les syndicalistes du secteur. Côté politique, hormis le désormais traditionnel cycle d'auditions engagé par le président de la République himself, l'heure est au wait and see tant les spéculations autour d'un remaniement «profond» du gouvernement vont bon train. Sur le front social, ce sera la tripartite tant attendue qui marquera réellement la rentrée. A la couleur de la blouse qui a soulevé l'ire des parents d'élèves aux revendications salariales des syndicats de l'éducation en passant par le manque d'enseignants entre autres, succèderont d'autres préoccupations pour les universitaires, déjà exprimées par le syndicat du secteur (Cnes). Si le régime indemnitaire reste la revendication principale du Cnes, d'autres «impondérables» sont venus se greffer au début de l'année universitaire qui ont fait dire à M. Rahmani, chef de file du Cnes, que la rentrée risque d'être compromise. A commencer par le week-end semi-universel qui obligera désormais enseignants et responsables des structures universitaires à redoubler d'ingéniosité pour trouver les meilleures formules pour «bien gérer cette situation et récupérer les cours donnés jeudi dans l'ancien système» dixit Harraoubia, au risque de compromettre sérieusement l'année universitaire. L'extension du système LMD à toutes les disciplines n'a pas fait que des heureux dans la famille universitaire, dans la mesure où il ne convient pas, de l'avis des enseignants, à toutes les filières. Le Cnes avertit d'emblée : «Nous convoquerons dans les plus brefs délais une session extraordinaire du conseil national pour décider des actions à entrevoir», a affirmé le coordinateur national dudit syndicat, tout en appelant «les enseignants à rester plus que jamais vigilants et mobilisés autour de leur syndicat Cnes pour la satisfaction totale de nos revendications et acquis socioprofessionnels justes et légitimes». De la léthargie politique en attendant un probable remaniement du gouvernement Quid des activités politiques de la rentrée ? Si certaines formations n'ont pas encore repris du service après une longue léthargie «ramadhanesque», c'est le président de la République qui a donné le la en entamant en août dernier le cycle des auditions des ministres avec en sus des remarques sur les lacunes des uns et des satisfactions pour le travail des autres. Le parlement avec ses deux chambres ayant timidement repris ses travaux à l'occasion de l'ouverture de la session d'automne, c'est plutôt le branle-bas de combat au niveau des départements ministériels. Des sorties sur le terrain ont caractérisé tout le mois de Ramadhan qui vont probablement se poursuivre en attendant un remaniement ministériel profond qui se profile à l'horizon selon certains observateurs de la scène politique nationale. L'on évoque ainsi les départs du premier ministre Ahmed Ouyahia et du ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni qui auraient émis le vœu de prendre leur retraite. D'autres échéances électorales préoccupent également les partis politiques dont certains n'ont, depuis les élections présidentielles, fait que se restructurer. Les élections partielles au conseil de la nation sont évoquées au niveau des instances partisanes avec en plus des possibilités d'alliances par familles politiques interposées souhaitées ici et là. Pour le FLN a contrario, c'est plutôt le 9e congrès du parti qui aura lieu avant la fin du premier trimestre 2010 qui préoccupe au plus haut point. En témoignent les batailles rangées au sein des mouhafadha du parti lors des réunions préparatoires du congrès, rapportées par la presse nationale. Les partis dits de l'opposition adoptent quant à eux un profil bas, ne réagissant aux évolutions de la situation socioéconomique que par des communiqués dénonçant tel «abus» ou regrettant telle décision. Des débrayages avant la tripartite Des décisions ayant été énoncées, telle la loi de finances complémentaire entre autres, qui ne laissent pas de marbre le front social qui, à travers les syndicats de plusieurs secteurs, comptent sur la prochaine tripartite pour voir mieux et riposter opportunément. L'augmentation du SNMG est, dans ce sens, le point crucial sur lequel tous les yeux seront braqués. En attendant, déçus par «la sourde oreille des pouvoirs publics», plusieurs syndicats autonomes ont d'ores et déjà annoncé la couleur. La rentrée scolaire a été «boycottée» par nombre d'entre eux et un important rendez-vous est pris pour le 5 octobre afin de relancer la protesta. Amélioration du pouvoir d'achat, statut particulier et régime indemnitaire sont les sempiternelles revendications sur lesquelles ces derniers (syndicats) ne veulent nullement faire des concessions. Le ramadhan est passé. Place à la mobilisation, ont tendance à avertir les acteurs de la scène sociale.