Encadré par Hamza Bounoua, deux jeunes plasticiens, le Congolais Joe Okitawonya Wemanonge et l'Algérien Drici Hacen, exposent à la galerie Racim sous le titre «Afrique Workshop». En effet, ces œuvres ont été réalisées dans le cadre du festival panafricain qui a eu lieu en juillet où ces deux jeunes peintres ont travaillé dans la résidence artistique à Zéralda. Organisée par l'Union nationale des arts culturels (Unac), l'exposition nous offre l'occasion de voir les tableaux de ces artistes de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger. Improbable labyrinthe de sentiments et souvenirs fragiles, Joe (comme aiment l'appeler ses amis de l'Enba avec qui il a étudié) crée un univers décalé que l'on a envie de parcourir. Ce jeune artiste nous montre avec élégance son goût pour l'insolite, un monde peuplé de personnages aux attitudes étranges, d'enfants aux regards d'adultes, de créatures hybrides et de références cultes. Pop surréaliste, sa peinture est l'écho d'un monde onirique qui flirte avec une réalité tout en la défiant. Et quand l'artiste s'approprie des icônes oubliées ou joue à revisiter les monuments de notre culture, c'est sans doute pour reconstruire une mythologie baroque dont il conserve le secret. La séparation des deux temps de la peinture Jeo s'inspire de toute son africanité pour donner à ses œuvres des tonalités blues. Drici Hacen a sans doute pris comme point de départ de son travail les questions du sujet et de la méthode. Ainsi, il a fait sien le souci de la génération de peintres postérieure à l'abstraction. Il s'exerce dans la confrontation entre figuration et abstraction, entre image et matière, entre l'action de peindre et la contemplation de ce qui est peint, sans craindre de donner une apparence chaotique à ses tableaux. La conclusion qu'on tire des ses œuvres est la séparation des deux temps de la peinture : l'action de peindre et la contemplation, afin de se concentrer entièrement dans l'action elle-même et d'avoir une distance créatrice avec ce qu'il a peint. Il laisse la liberté de lecture au regardeur, comme quand on regarde les étoiles, repères dans le ciel obscur nous donnant à imaginer des figures et des fables. A la fois un travail fait à l'extérieur «sur le vif» un peu à la manière des impressionnistes. Travail à la peinture à l'huile qui cherche à saisir la vie des couleurs et des lignes spontanées, et d'autre part un travail d'atelier ou le silence permet de rentrer plus en profondeur dans la matière jusqu'à découper la toile avec le feu pour la reconstruire religieusement comme un vitrail. Il fait bon de respirer De multiples peintures «architecturales» qui cherchent à saisir l'humain et qui nous questionnent sur le «visage» de nos villes. Drici par ses tableaux propose en sorte une architecture à l'horizon pour effacer le bâclage de ces sordides bâtisses du «tout béton» qui violent le regard et blessent le sourire. Entre féerie et conte cruel, rien n'est plus abstrait qu'un mot. Tracé sur une feuille de papier, il n'a d'autre existence que matérielle et plastique. Objectivement, il n'est fait que des pleins et des déliés qui l'informent, jamais semblable d'une main à l'autre. Isolé de tout contexte, livré à sa seule détermination, il est à prendre toutefois de façon duelle, soit comme pur objet plastique, soit comme signe producteur de sens. Si le mot a une forme, il a aussi une sonorité, une couleur, voire une densité. C'est l'œuvre Hamza Bounoua, cet artiste a eu en 2006 à Koweït le grand prix de la biennale internationale El Khourafi de l'art arabe contemporain, première distinction d'importance dans un palmarès qui comprenait jusque-là des récompenses plus modestes. Né à Alger en 1979, Hamza Bounoua a étudié à l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger. On retrouve ses œuvres à Londres, Beyrouth ainsi qu'à Bahreïn et au Koweït, où il engage ses premières relations avec les milieux artistiques de la région. Hamza a autant de qualités qui le rapprochent de la notion d'écriture du concept d'abstraction tel qu'il a été envisagé par Kandinsky au début du XXe siècle. Ecriture et abstraction rassemblent les œuvres de cet artiste contemporain qui joue des échanges et des interactions entre l'une et l'autre. Quand l'art et l'histoire se marient au service de l'information, se produisent des vérités à l'odeur de soufre, mais qui rappellent au monde qu'il fait bon de respirer...