Le taux de croissance de l'Algérie est différemment apprécié. Le Fonds monétaire international a communiqué des chiffres pour 2009 et 2010, sans qu'ils ne soient identiques ou proches de ceux de la Banque mondiale et des autorités algériennes. Pourquoi cette contradiction dans ces statistiques ? Cette question mérite d'être posée, a avoué, hier, l'économiste Mustapha Mekideche qui a bien voulu répondre à notre sollicitation. «En principe, le FMI et la Banque mondiale élaborent leurs prévisions sur la base des données communiquées par la Banque d'Algérie. Après des rapports algériens, les deux institutions procèdent à l'étude du taux de croissance», a indiqué l'économiste, ajoutant qu'il était sur le point de préparer une chronique à ce propos pour la publier dans un quotidien national. Pour M. Mekideche, les prévisions du taux de croissance en Algérie devraient être reconsidérées et se rapprocher de celles élaborées par les institutions mondiales procédant à des paramètres plus fiables. Nos tentatives de faire réagir d'autres économistes à l'instar de Abdelhak Lamiri, de Abderahmane Mebtoul et El Hachemi Siagh n'ont pas pu aboutir. Malgré notre insistance et plusieurs appels téléphoniques effectués tout au long de la journée, nos économistes n'étaient pas joignables en cette journée de repos. Indépendamment des réactions des techniciens de la chose économique, il faut rappeler que les prévisions en matière de croissance économique étaient plutôt optimistes chez les responsables algériens. La loi de finances 2009, considérée comme le texte fondamental des dépenses publiques, tablait sur un taux de croissance d'un niveau de 4,1% et de 6,6% hors hydrocarbures pour cette année, sachant que le taux d'inflation était estimé à 3,5% et des importations à hauteur de 34 milliards de dollars. Des chiffres qui ne sont pas l'œuvre de l'Office national des statistiques (ONS), mais des responsables en charge de l'économie algérienne. L'ONS n'est pas encore investi dans les études prospectives. Les prévisions de croissance et autres indices économiques ont été revues par les autorités algériennes dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour 2009. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a annoncé au mois d'août dernier que la croissance projetée pour l'exercice 2009 serait de 4%, avec une croissance hors hydrocarbures de 6,4%. L'inflation, malgré la poussée constatée en début d'année, a-t-il expliqué, enregistrera une baisse et devrait se stabiliser autour de 4%. Il s'agit d'une différence minime (0,1% pour la croissance globale et 0,5% pour l'inflation) par rapport à la loi de finances annuelle, mais qui interpelle sur les prévisions avancées. Les pronostics de la BM et du FMI De son côté, la Banque mondiale donne des chiffres sur la situation de l'économie algérienne qui sont du moins contradictoires avec ceux de l'Algérie et du Fonds monétaire international. Estimant que le taux de croissance sera positif en 2009 et 2010, et que l'Algérie a résisté aux chocs extérieurs, notamment la crise financière, la BM prévoit dans le cadre d'un rapport sur le rapport portant sur les perspectives économiques mondiales (World Economic Outlook-WEO) publié récemment, que le taux de croissance de l'Algérie sera de +2,1% en 2009 pour remonter à +3,9% en 2010. Les chiffres avancés jeudi dernier par le FMI, favorables à l'économie algérienne, reflètent toutefois la contradiction des chiffres. Dans son dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales sous le thème «soutenir la reprise», l'institution de Bretton Woods prévoit un taux de croissance 2,1% en 2009 pour remonter à +3,7% en 2010. S'agissant du taux d'inflation, le FMI a donné le chiffre de 5 %. Ces indications renseignent sur l'appréciation faite sur l'évolution de l'économie algérienne, alors que pour mesurer la croissance économique, des règles claires sont établies. Selon l'explication donnée par l'encyclopédie universelle Wikipédia, l'indicateur utilisé pour mesurer la croissance est le produit intérieur brut ou PIB. Il est mesuré «en volume» ou «à prix constants» pour corriger les effets de l'inflation. Le taux de croissance, lui, est le taux de variation du PIB.