Grande opération de privatisation que les pouvoirs publics s'apprêtaient à exécuter avant qu'il ne soit décidé, il y a de cela deux ans, de sa suspension en raison de la crise financière à l'origine des effets ravageurs qu'ont subi les principales placettes boursières de la planète, il s'agit bel et bien de l'ouverture du capital du Crédit populaire d'Algérie. Une procédure qui a été au centre d'intérêt des géants parmi les établissements financiers en Europe et aux USA, l'opération de privatisation du CPA, organisme financier à caractère public, une première du genre dans le secteur bancaire en Algérie, a été en effet suivie dans le détail par l'opinion depuis son lancement en 2001 jusqu'à son gel annoncé par la ministre déléguée en charge de la Réforme financière lors d'un point de presse qu'elle avait animé à Alger en novembre 2007. Mme Fatiha Mentouri mettra en valeur lors de cette rencontre avec les représentants des médias le seul argument qui selon elle était à même de surseoir à l'opération de privatisation du CPA. L'argument en question mettait en évidence la crise des subprimes qui commençait alors à prendre forme aux Etats-Unis. Une crise qui allait gagner davantage en ampleur pour se muer en véritable phénomène mondial dont se plaignaient et se plaignent encore presque totalité des gouvernements de la planète. «Le processus de privatisation du Crédit populaire d'Algérie (CPA) ne sera pas entaché par la décision de sa suspension», avait clamé Mme Mentouri, avant d'ajouter que le même processus redémarrera une fois les meilleures conditions de visibilité, notamment sur les marchés financiers internationaux, réunies. Voulant aller plus loin, elle n'omettra de préciser que ces conditions qu'il faudrait réunir impérativement obéissent à la logique de l'élargissement des investisseurs potentiels en vue d'assurer la consécration sur le terrain des objectifs assignés à l'opération d'ouverture du capitale du CPA. Cela dit, la question que se posent nombre d'observateurs économiques est de savoir s'il est vraiment opportun de rouvrir derechef le dossier de la privatisation du CPA. Experts économiques et connaisseurs aguerris du monde de la finance en Algérie répondent par la négative à ce genre d'interrogation. Un des points de vue multiples abondant en ce sens n'est autre que celui de l'expert Mustapha Mekidèche. Les autorités algériennes ont vu juste Contacté hier par nos soins, ce dernier nous dira que non seulement la privatisation du CPA n'est plus à l'ordre du jour désormais mais aussi cette décision entérinée en 2007 par les pouvoirs publics quant à suspendre cette opération relève d'une option des plus appropriées eu égard au choc financier n'ayant pas été sans provoquer des conséquences néfastes partout dans le globe. «A l'époque, quand la décision de suspendre la privatisation du CPA a été communiquée par les autorités, celle-ci n'a pas été comprise par une large opinion», déclare Mustapha Mekidèche en faisant allusion aux commentaires nombreux qu'a suscités la décision de geler l'opération d'ouverture du capital de la banque évoquée. Notre interlocuteur réputé pour la pertinence de ses analyses économiques atteste que tout compte fait «les autorités du pays ont vu juste en procédant à la suspension de la privatisation de cette banque», indique-t-il, arguant de l'ampleur qu'a prise la crise financière mondiale une fois que la même décision citée plus a été entérinée. C'est dire que pour ce qui est de la suspension de la privatisation du CPA, les autorités algériennes ont immanquablement anticipé sur les événements, appuie en substance l'expert Mekidèche. Plus d'investissements à l'extérieur pour les grandes banques mondiales Un autre professionnel du milieu bancaire qui a requis l'anonymat pour des considérations d'éthique affirme lui aussi que l'environnement économique international, tellement ruiné par les effets de la crise financière, ne permet de reprendre de sitôt le dossier portant privatisation du CPA. «Nous ne sommes plus de cette ambiance où l'ouverture du capital du CPA se dressait telle une priorité pour des raisons beaucoup plus managériales que commerciales. A l'époque, les grandes banques de renommée mondiale qui ont manifesté leur intérêt à la privatisation du CPA pouvait certes se permettre des opérations d'externalisation dans le sillage de leur stratégie de croissance et de développement à l'internationale, ce qui n'est plus le cas désormais en raison des effets ravageurs de la crise. Autrement dit et compte tenu des conditions économiques internationales, il y a lieu de dire que la privatisation du CPA est actuellement en période de répit.» Par ailleurs, nos multiple tentatives pour entrer en contact avec la responsable de la communication et du marketing ont été vaines car celle-ci était réunion, nous indique-t-on. De manière générale, il apparaît clairement que le processus de privatisation du CPA ne connaîtra pas de reprise effective dans l'immédiat. Il semble même qu'il n'est plus besoin de privatiser cette banque créée en 1966, et ce, compte tenu de la performance dont elle peut se prévaloir aujourd'hui.