Tout le monde sait que des millions d'africains souffrent de la faim jusqu'à en mourir parfois, mais on l'oublie souvent une fois les images qui illustrent de la manière la plus «spectaculaire» une réalité qui devrait pourtant empêcher à chaque instant l'humanité de dormir. Les dernières images que les télés du monde ont diffusées ces derniers jours précisément sur l'escalade de la faim en Afrique de l'ouest sont de celles-là et on l'aura compris, une fois passé le moment de compassion réelle ou feinte, on se rendra compte que très peu de choses sont envisagées dans les pays prospères pour venir à bout d'une tragédie, entreprise tout à fait dans les cordes du monde des riches, au vu de son niveau de développement et de ses accumulations matérielles. Les bousculades, parfois violentes, autour des sacs de riz ou de farine de la charité mondiale sont censées frapper les esprits, mais elles ne frappent apparemment manifestement pas aux bonnes portes. Sinon ça se saurait, parce que la fin ou l'atténuation d'un malheur, c'est toujours plus enthousiasmant à montrer que le cauchemar des ventres d'enfants ballonnés et de vieilles cadavériques. Près de 20 millions de personnes dans la corne de l'Afrique dépendent actuellement de l'aide alimentaire, et ce nombre pourrait s'accroître, car la faim menace notamment les agriculteurs des terres marginales, les éleveurs de bétail et les citadins ayant de faibles revenus. A moins d'un miracle, on ne voit toujours pas ce qui pourrait empêcher une détérioration de la sécurité alimentaire générale en raison de la faiblesse du pouvoir d'achat des ménages, du manque de pâturages, de la sécheresse aggravée et bien sûr de l'inefficacité ou l'insignifiance de la réaction de la communauté internationale. Les images de détresse de petits éleveurs regardant mourir leur bétail rongé jusqu'à l'os par la faim et la soif servent plus à soulager qu'à interpeller les consciences, puisqu'à l'évidence, ce sera encore la résignation qui va les prolonger. Déjà que la situation alimentaire des populations africaines était catastrophique ces dernières années, on se demande de quoi elle sera faite avec une réduction considérable des récoltes et la perte d'une grande partie du bétail cette année comme au Kenya, en Ouganda et d'autres pays. Alors, montrer la détresse de ceux que la mort guette parce qu'ils ont faim, c'est bien. Le problème est que ceux qui ont les moyens et le pouvoir de faire quelque chose le savent sans avoir à «supporter» les gros plans sur les corps décharnés et des travellings sur des terres brûlées. Les images vont continuer quand même à défiler par oukase médiatique, avant que le quotidien ordinaire ne reprenne ses droits. Un quotidien pas très brillant pour l'humanité prospère. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir