S'il y a bien un inculpé en taule en ce début octobre 2009, c'est bien cet abruti de bagagiste qui s'est jeté dans la gueule du chacal (il n'y a pas de loup en Algérie). C'est bien fait. Si bien fait qu'il avait interpellé un portable dans la poche alors que pour éviter les brûlures des braises du... brasero, il lui suffisait de se rendre au guichet de l'EGSA le plus proche et lancer un appel aux passagers et visiteurs les priant de repasser reprendre leur bien tombé par inadvertance. Non ! Ce monsieur Abid est allé se heurter au rocher nommé Bedri, cette jeune juge qui juge sur pièces, jamais sur du vent ou des larmes Qu'est-il arrivé à cet homme à l'Aéroport Houari Boumedienne de Dar El Beïda (Alger) qui avait eu le plus mauvais des réflexes en mettant dans sa poche un portable qu'il avait trouvé ? Ce jeune bagagiste, enfant des lieux, avait probablement et mieux certainement mal inspiré par Satan qui lui a soufflé de ne pas restituer le portable. Et dès le début du débat, Selma bedri, la jeune présidente de la section correctionnelle du tribunal d'el harrach (cour d'Alger) avait fait cette remarque : «Inculpé ! Vous êtes bagagiste. Vous auriez dû savoir au moins qu'il y a des centaines de caméras qui filment tout ! Le détenu, un beau gosse par ailleurs, paraît désemparé. Et justement, sa défense première aura été : «Bien sûr, et il y a beaucoup de caméras de surveillance !», avant d'ajouter : «Et H24, sans discontinuité.» La juge le fixe de son perçant regard et balance : «C'est à vous-mêmes qu'il faut dire cela, ceci est autant plus grave en paniquant lors de votre interpellation. C'est inadmissible et n'allez surtout pas chercher des circonstances atténuantes. Il n'y en a pas, il fallait seulement, filmé que vous vous êtes rendu au guichet le plus proche pour le remettre au lieu de l'avoir enfoui dans votre poche» Abid panique encore plus. Il se retourne vers l'assistance, semble chercher des yeux du renfort. Il n'a même pas le temps de répliquer que bedri expédie un uppercut assommant : «Vous niez ce jeudi ? Vous aviez pourtant reconnu le délit ?» dit-elle, les yeux grands ouverts comme pour lui montrer l'évidence ! - «Les policiers m'ont battu, j'ai dû signer. - Et monsieur le procureur aussi ? Taisez-vous et restez plutôt calme», conseille la magistrate qui avait sûrement compris la phrase de l'interpellation du bagagiste lequel avait tenté d'expliquer à un moment donné de son interrogatoire que ses collègues qui avaient suivi la scène du «ramassage» de l'appareil, qu'ils avaient confondu avec vitesse et précipitation et que cela pouvait constituer une circonstance atténuante avec son casier quasi vierge, une courte détention préventive, Abid, le bagagiste détenu, inculpé de vol de portable, ne pouvait aller à la relaxe, car le tribunal a retenu le délit et lui avait balancé le lapsus de «collègues» en parlant des policiers affectés à l'aéroport. Bétise sur bétise, le pauvre bougre ivre des standing du phone high-quality avait oublié trois secondes, le temps de ramasser le mobile et de le jeter dans une de ses poches, les caméras. Et la justice de le jeter pour six mois juste le temps de réfléchir.