Brahim est un jeune qui pleure dans les gêoles avant de passer devant Mamèche, la terrible juge de Boufarik qui n'aime pas les dossiers «sales» et de feu. La pornographie est punie par la loi. Celle trouvée dans un phone portable l'est encore plus et c'est l'article 333 du code pénal qui ouvre ses tentacules et les déploie en direction de l'auteur de ce délit qui a envoyé Brahim pour une détention préventive catastrophique... Brahim C. est dans un état second. Et pour cause ! L'article 333 bis a mené Rachid R., vingt cinq ans, droit en taule. A la barre, il est heureux de revoir maître Amine Morsli, son conseil. D'emblée il met ces photos et vidéos sur le compte du portable neuf qu'il venait d'acheter en deuxième main. Nadia Mamèche, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Boufarik gronde le détenu. «Si c'est pour vous personnellement, nous n'avons rien à dire. Mais si ces images venaient à tomber entre les mains d'un ou d'une mineure ? Alors ? Parlez, dites un mot juste pour édifier le tribunal. «C'est pour moi, j'aime regarder ces images», répond-il le visage violet de douleur et de trouille. Il venait d'apprendre, juste après le premier sermon des détenus qui ont en horreur la pornographie, que la loi, les juges, et le juge du jour est une mère de famille exemplaire, interdisaient ce genre de films, images, photos, appelons-les comme on le voudra, que le portable trouvé entre ses mains était une bombe à retardement, quand bien même, elle n'a pas fait boum ! Même à côté de son avocat, il se sent terriblement seul, si seul qu'il perd ses mots, les phrases et donc les réponses aux questions : Une catastrophe ! Maître Amine Morsli regrette cette situation, qui voit son client être malmené pour une affaire strictement personnelle. D'une autre vision, le détenu reconnaît apprécier ce spectacle qu'il estime être personnel. «Oui, c'est personnel. Il n'a jamais été pris en train de le faire visionner, comme le craint le tribunal, à des mineurs. Il apparaît cependant que la détention de photos qui touchent à la morale, ne peut être destinée à la commercialisation des ces... images qui bougent», a ajouté le conseil qui «réclame la relaxe car il n'y a rien dans le dossier ou mieux, il y a des circonstances atténuantes, celles qui consistent à croire que Rachid R. un primaire en la matière n'est pas un marchand d'images pornographiques. Non, non et non, on ne peut pas laisser ce jeune indéfiniment en taule», avait conclu l'avocat qui aura l'occasion de gronder (quand même !) son client qui venait d'être condamné (a une peine de prison assortie du sursis...)