«Je suis un mort encore vivant», disait Brel, qui continue de vivre depuis son décès officiel, il y a 31 ans. Le poète, chanteur et acteur continue de vivre et de faire vivre les âmes sensibles à travers ses vers, ses idées et ses airs. Celui qui supplie sa dulcinée de ne pas le quitter quitte à devenir l'ombre de son ombre et même l'ombre de son chien avait quitté Bruxelles et sa grande place, ses parents et l'usine de son père pour embrasser la carrière d'artiste. Après avoir enregistré La folle en Belgique, le petit Jacques prend le train pour Paris et se retrouve vite au théâtre des trois baudets pour faire face au public malgré le trac et la timidité qui le poursuivra toute sa vie. Resté inconnu du public parisien, il décide de montrer ses capacités en enregistrant en 1957 Quand on a que l'amour. La chanson fait un tabac et les succès vont se succéder. En 1959, le chanteur sort un nouveau 45 tours qui restera dans l'histoire de la chanson française. En effet, les deux faces du vinyl La valse à 1000 temps et Ne me quitte pas feront danser et pleurer tous les amoureux de l'époque. Des sourires et des larmes Brel est sur le podium et n'en descendra plus. Ses idées, ses poèmes et ses chansons sont repris par toute la jeunesse des pays francophones. L'homme qui se fera passer pour un misogyne pour dénoncer le fléau et s'attaquera aux bourgeois qu'il traitera de bêtes et de cons sera aimé par toutes les femmes et par tous les fils de bourgeois qui ne pourront pas se passer de fredonner ses chansons. Sur scène, le chanteur-comédien joue de sa voix comme de son corps, ne se contrôle point et laisse place à ses grimaces. Il rit un tantinet avant qu'il ne laisse couler ses larmes finissant toujours sous les forts applaudissements des spectateurs. Alors qu'il était au sommet, Jacques Brel décide de ne plus donner de concert et joue dans plusieurs films de cinéma. N'hésitant jamais à étaler ses idées, le poète philosophe et chanteur à qui un journaliste demandait s'il savait ce que veut dire «Brel» en arabe (jument) avait répondu : oui, je sais et j'ai de la sympathie pour les Arabes. Il faut dire que le grand chanteur nous ressemblait beaucoup. Il fut comme ces grands artistes qui ont eu une carrière trop riche pour pouvoir continuer à produire. Bien qu'il avait cessé de fumer et de boire, les quatre paquets de cigarettes qu'il fumait chaque jour avaient laissé leur mal. L'artiste mourut suite au cancer qui le rongeait, le 9 octobre 1978. Pour lui rendre hommage, on met en marche l'ancien Teppaz pour réécouter, revoir et revivre l'époque du «Grand Jacques» et … «Au suivant».