Les transporteurs suggèrent l'ouverture des ruelles communiquant entre Bab Azzoun et le boulevard Che Guevara pour alléger la pression qui s'exerce sur le jardin du Square et mettre fin aux embouteillages empoisonnant la vie des automobilistes et des riverains de Bab Azzoun. Le nouveau plan de circulation en vigueur depuis l'été dernier dans la Basse Casbah fait des mécontents parmi les automobilistes. A cause de l'installation d'un chantier portant fouilles archéologiques à la place des Martyrs (en attendant le début des travaux de l'extension du métro), les déplacements motorisés sont devenus plus difficiles que d'habitude. Le chantier a en fait nécessité le transfert de la station de transport urbain. Les transporteurs, public et privés, ont été orientés vers d'autres endroits de la ville, mais certaines lignes ont été maintenues dans les environs immédiats de l'ancienne station. C'est le cas des dessertes Ben Aknoun, Chevalley, Bouzaréah, Sidi M'hamed (1er Mai), Bachdjarah et la gare routière du Caroubier. Les professionnels qui en souffrent le plus, ce sont ceux qui assurent le transport vers les hauteurs de la capitale. Les arrêts qui leur sont réservés sont quotidiennement envahis par les commerçants informels. Les usagers ne peuvent plus utiliser les abribus, et les bus de l'Etusa surtout stationnent presque au milieu de la route, empêchant les autres automobilistes de se frayer un chemin. Les arrêts sont particulièrement infréquentables durant les journées de jeudi. Ces jours-là, la Basse Casbah accueille le marché informel le plus important du cœur de la capitale. Il arrive aux policiers de chasser les trabendistes des arrêts, mais ces derniers reviennent sur place après le départ des agents vers 16h. Des ruelles condamnées Les autres jours, les transporteurs font face à des embouteillages qui se forment tout au long de la rue Bab Azzoun. C'est que, pour accéder à leur circuit habituel, les transporteurs doivent d'abord faire le tour du Square, rouler sur le boulevard Che Guevara et enfin foncer sur l'avenue 1er Novembre. Ce petit trajet se transforme parfois en parcours du combattant. A Bab Azzoun, à cause des stationnements sur l'un des deux côtés de la voie, les automobilistes la franchissent un par un. Pour exprimer leur mécontentement, les usagers n'arrêtent pas de klaxonner au point de déranger tout le quartier à 8h. Le comportement des automobilistes, surtout des transporteurs, est compréhensible eu égard à la cause des embouteillages. C'est que les équipes d'hygiène Netcom organisent leur tournée de collecte de déchets solides dans la matinée après celle de la soirée, mais les poubelles et les bacs se remplissent aussi vite que vidés. Le dépôt anarchique des ordures retarde les éboueurs dans leur travail. De plus, ils interviennent en nombre réduit, condamnant ainsi les autres automobilistes à se déplacer à leur rythme. Les éboueurs sont toutefois sommés de se dépêcher par les policiers du Square qui finissent par intervenir devant la montée de la colère des personnes coincées dans les embouteillages. Les transporteurs n'arrivent pas à s'expliquer pourquoi ils sont obligés de transiter par le Square. "Il existe plusieurs ruelles qui permettent de se déplacer entre la rue Bab Azzoun et le boulevard Che Guevara et qui sont toutes condamnées. Pourquoi on n'ouvre pas l'une de ces ruelles au moins aux transporteurs ?», s'interroge un receveur de bus. En fait, plusieurs ruelles relient la rue et le boulevard. Quand elles ne sont pas condamnées (des barreaux implantés à l'entrée), ces petites voies permettent uniquement de circuler dans le sens Che Guevara et Bab Azzoun. «Au lieu d'alléger la pression sur Bab Azzoun, on lui en rajoute», estime ce receveur. Selon lui, il est possible d'utiliser les ruelles dans les deux sens pour une plus grande efficacité. «Je crois que les responsables qui ont décidé du nouveau schéma de circulation n'ont pas pensé à ce détail», estime-t-il. Les réactions des voyageurs sont encore plus violentes. «Il devient impossible de régler ces affaires dans cette ville !»