Son nom a été longtemps occulté par l'histoire. Pourtant, il figure parmi les centaines de chouhada disparus à Paris au cours de la nuit sanglante du 17 octobre 1961. Fatima Bedar est une jeune fille victime d'un crime raciste. Elle n'avait que quinze ans quand les agents de Maurice Papon l'ont malmenée brutalement avant de la jeter dans la Seine. Elle était élève au collège commercial à Saint Denis. Elle est née le 5 août 1946 à Béjaïa. En 1958, elle rejoint sa famille en exil. Ce matin du 17 octobre, la mère de Fatima lui avait ordonné de rentrer très tôt à la maison afin de garder son frère et ses trois petites sœurs. La mère avait expliqué à Fatima qu'ils avaient un rendez-vous important ce soir, la manifestation contre le couvre-feu imposé aux Algériens en France. La jeune rebelle a refusé la tâche qui lui avait été confiée. Etant une jeune adolescente consciente de l'importance du rendez-vous, Fatima avait choisi la tâche la plus dure. Participer à la manifestation au côté de ses frères et sœurs algériens. Le soir, les parents de Fatima attendaient vainement le retour de leur fille. Fatima ne réapparaît pas. Plongés dans le désarroi, ses parent n'avaient pas la moindre idée du sort de leur fille. Le lendemain, 18 octobre, son père signale sa disparition au poste de police d'Austin. Le 31 octobre, les pompiers découvrent le corps de la collégienne dans le 7e lac de la Seine de Saint-Denis en état de décomposition avancé. Ses parents ne l'identifièrent que grâce à sa chevelure. Elle avait de longues nattes châtaines. C'était à ce moment-là que ses pauvres parents ont compris que Fatima, une fois sortie du collège, était partie manifester puis jetée dans la Seine. Sa dépouille sera enterrée le 4 novembre 1961 au cimetière communal d'Austin. Son cartable avait été remis le 1er novembre par la police d'Austin à son père. Après 45 ans d'exil, les restes de la chahida Fatima Bedar ont été rapatriés et enterrés dans le carré des martyrs à Tichy (Béjaïa).