La victime d'un acte de corruption avait belle allure à la barre, surtout que Benkhechettou avait requis cinq ans de prison ferme, s'appuyant sur l'article 25, loi n°06-01 du 20 février 2006, loi qui a remplacé le défunt article126, abrogé après avoir lassé trois ou quatre générations de magistrats par son aspect sombre, noir, parfois pas du tout ansparent. L'inculpé, un fonctionnaire des impôts, dit avoir rendu service au fils du commerçant en retard de règlement de ses rôles. La victime avait considéré l'aide demandée par téléphone comme de la corruption. C'est pourquoi il a considéré avoir été souillé en remettant au fonctionnaire la somme de six mille dinars. Le fonctionnaire des impôts de Douéra inculpé de corruption a tout tenté face à Imène Boudmagh, présidente de la section pénale du tribunal de Boufarik. «Ce n'était pas une contre-partie ?», dit la juge qui sera un peu plus tard édifiée lorsque la victime, fils d'un commerçant, allait tout cracher avec les plus menus détails, surtout que Djamila Benkhettou, la procureure, avait posé de très bonnes questions. Ecoutons plutôt la victime :«Je m'étais présenté à la recette à la recherche d'un fonctionnaire susceptible le renseigner sur l'état de la “dette” du papa, commerçant, empêché de se déplacer chez les impôts, c'est alors que ce monsieur m'invita à m'asseoir pour s'enquérir de ma situation. Après avoir compris ce que je désirais, il me demanda rapidement mon numéro de téléphone en me promettant qu'il allait entreprendre les démarches nécessaires en vue de vite régulariser la situation», a dit à d'abord la victime qui n'avait pas vu le détenu pleurer à chaudes larmes. Puis la victime entra dans le vif du sujet :«Ce fut alors un scénario catastrophe. Les appels téléphoniques se multipliaient avec de nombreuses promesses de vite régler le problème. Et puis, il me demanda si j'avais du liquide sur moi pour qu'il puisse accélérer la démarche. Je lui répondis que je n'avais sur moi que six mille dinars, il accepta la somme. Sur ce, je me suis rendu chez les gendarmes et les ai mis au courant de cette dangereuse entreprise. A ce moment, il m'appela et me pria de lui envoyer cent dinars d'unités pour qu'il appelle la collègue chargé “d'alléger” le montant à régler. J'avais compris le manège et me devait de jouer le jeu pour deviner un peu quel était son désir et d'aller jusqu'où», avait raconté calmement la victime qui se fichait pas mal que le détenu continuait à verser de grosses larmes. Maître Amine Chabane, le défenseur de l'inculpé, va de suite évoquer l'usage des chèques par les commerçant priés de s'acquitter de leur dû et ce, par voie bancaire. «Ce triste dossier n'a pas été ficelé à bon escient. Il fallait s'assurer de l'acte interdit par la loi, ce détenu n'avait pas option à régulariser de telles situations. Les concordances relevées vont sur le doute au bénéfice de l'inculpé.» La victime a pris le chemin de la corruption ou ignorait qu'elle avait évoqué une «aide» pour le travail à réaliser, mais parce que l'action à mener ne concernait pas les impôts, mais un moyen externe d'aider un commerçant dans la gêne de ne pas avoir régularisé à temps l'administration des impôts. Le conseil pensait aux huit ans requis. Donc, où est le mal fait par l'inculpé ? Il a rendu service !», s'est exclamé le conseil, visiblement gêné par la position de son client qui avait à un moment donné bien regardé la magistrate. La procureure, elle, savait depuis le jour de la présentation qui était qui et qui a fait quoi ! Ayant mis en examen le dossier pour une semaine, la présidente prend ses responsabilité, loin des larmes de l'inculpé et des demandes du ministère public, en infligeant une peine d'emprisonnement ferme de quatre ans, outre une amende ferme de deux cent mille dinars.