C'est un véritable cri de détresse qu'a lancé hier le secrétaire général de la Fédération nationale des journalistes algériens, Abdenour Boukhemkhem, à l'occasion d'un rassemblement à la maison de la presse Tahar Djaout, en hommage aux dizaines de journalistes morts depuis un an à cause du stress professionnel et des pressions de toutes parts. A l'occasion de ce rassemblement, la fédération des journalistes a formulé des revendications socioprofessionnelles à même d'atténuer la situation de précarité dont souffrent les journalistes algériens. En effet, le SG de la FNJA a saisi cette occasion pour sensibiliser les journalistes sur la situation qui prévaut actuellement au sein des différents organes médiatiques publics et privés. «La mort de Chawki Madani, de H'Mida, de Tawfik, de Lilia et bien d'autres journalistes nous interpelle. Ils sont morts à la fleur de l'âge. En moins d'une année, la corporation a perdu plus d'une dizaine de jeunes journalistes, décédés tous d'arrêts cardiaques, de maladies professionnelles et de pressions. Maintenant, tout le monde est concerné, sans exception. Les journalistes sont les premiers responsables. Les éditeurs et les pouvoirs publics également sont concernés», a tenu à souligner le syndicaliste devant une centaine de journalistes amassés dans la cour de la maison de la presse. «Il faut un changement réel», a scandé encore le SG de la FNJA avant de lire un appel portant les revendications à même de réhabiliter et de préserver le journaliste. Il s'agit de six points faisant partie d'une véritable plate-forme de revendications socioprofessionnelles. La FNJA demande la suppression de certains articles des lois algériennes, notamment l'article 144 bis du code pénal, incriminant les hommes de la presse, la mobilisation des ressources financières du Fonds national de la presse au profit des journalistes salariés, ainsi que l'adoption de la carte nationale de presse gelée depuis 18 ans. La FNJA exige également la mise en œuvre des règlements pour l'accès au métier de journaliste, à l'instar des pays voisins se basant sur des modèles techniques et professionnels spécifiques. La cinquième revendication concerne la titularisation de 230 journalistes des médias publics, ayant exercé le métier depuis de longues années, mais sans bénéficier d'un statut de permanent. La sixième revendication est la relance du programme de logements destinés aux hommes de la presse engagé par le ministère de la Communication, afin de permettre «aux journalistes de bénéficier des biens de la collectivité sans subir de pression». Le SG de la FNJA appelle le wali d'Alger à répondre à cette demande. Dans le but d'unifier les efforts et de contribuer à la réalisation de ces revendications, Abdenour Boukhemkhem a lancé un appel au Syndicat national des journalistes (SNJ) afin d'adhérer à «ce pacte national de la presse algérienne» et à le défendre avec acharnement.