L'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou connaît une extension fulgurante depuis plusieurs années. En effet, du statut de centre universitaire rattaché à l'université d'Alger durant les années 1980, elle est devenue université au sens propre du terme. Avec un nombre d'étudiants de l'ordre de 48 000 pour cette rentrée, les infrastructures d'accompagnement ne pouvaient que suivre, en particulier la restauration. A cet effet, il est à signaler qu'en matière d'infrastructures de restauration, les deux directions des œuvres universitaires exploitent 18 unités de restauration d'une capacité globale de 10 800 places pouvant servir plus de 10 000 repas/jour. Cette capacité sera consolidée au cours de la présente année avec 1500 places, soit à la réception de trois nouvelles unités à Hasnaoua III et à Tamda. Le restaurant de Tamda à lui seul est doté de 800 places. Ces nouvelles acquisitions porteront la capacité globale à 12 300 places. Il est aussi question de redynamiser le chantier du restaurant de la résidence Hasnaoua III. Ceci dit, les capacités d'accueil sont, pour peu qu'elles soient exploitées d'une manière rationnelle, largement suffisantes pour répondre aux besoins en matière de restauration.
De longues files et une qualité qui laisse à désirer En outre la qualité des repas servis est généralement remise en cause par les étudiants. Le manque d'hygiène constitue le point noir, il n'est pas aussi rare, pour nombre d'étudiants que nous avons questionnés à ce sujet, de tomber sur des insalubrités dans leur assiettes. Pour ironiser, Karim, étudiant en quatrième année biologie, dira fort à propos : «Il est parfois indiqué de fermer les yeux pour avaler la maigre pitance qu'on nous sert.» Les repas servis à midi sont loin d'égaler ceux du soir. Le dîner est généralement plus riche que le déjeuner. En effet, le nombre d'étudiants baisse sensiblement. Il ne reste plus que les résidents. Les interminables files devant les restos rendent la vie estudiantine infernale. Il n'est pas exclu d'assister à des scènes de ménage quand des étudiants indélicats tentent de griller la file. Cela fait partie, pour certains, de la vie universitaire. D'autres par contre voient en cela un manque de civisme. C'est le cas de Fadila qui peste en abordant cet épisode. Elle saisit aussi cette discussion pour dénoncer la présence de personnes qui n'ont rien à voir avec l'université. Ces gens, on les appelle dans le jargon estudiantin «les extras». Pour accéder à l'intérieur des restos, il est impératif pour le pauvre étudiant d'attendre plus trois heures parfois. C'est un cauchemar, estime-t-on. «II est vrai qu'on ne fait pas bonne bombance, mais vu les 120 centimes que nous payons, on ne peut espérer plus. Moi, en tout cas, je n'ai pas le choix. Si je ne mange pas à la cité, je dois dormir le ventre creux», dira Hamid pour sa part. Devant cette situation, en particulier les jeunes filles prennent le repas dans leur chambre pour le cuire une deuxième fois en l'assaisonnant mieux. D'autres cuisinent leurs repas dans leurs chambres, pour les plus «nanties». Ceci représente un danger certain pour ces dernières. Des accidents se sont produits à plusieurs reprises. En somme, la vie estudiantine prend les allures d'un parcours du combattant. La vie quotidienne dans les cités U n'est pas aussi rose.