C'est une histoire à double chapitre. Mohammed Saïd est coupable de coups et blessures volontaires à l'encontre de Abdelhamid R., lequel sera cloué à la barre lorsque l'inculpé détenu s'était devancé sur le terrain de l'aveu de sa responsabilité dans la raclée qui a coûté à Abdelhamid R. un arrêt de travail de douze jours, en mettant en avant la provocation. Une provocation soutenue par d'insupportables insultes à l'encontre de l'être le plus cher à n'importe quel individu, la maman. La présidente a bien écouté l'aveu et le «bouclier». Elle a mis en examen le dossier pour voir ce que le glaive peut faire. Un détenu pour coups et blessures volontaires qui a comparu mardi devant Soumeya Kassoul, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Bir Mourad Raïs (cour d'Alger), une Kassoul en grande forme n'eut de cesse de crier qu'il s'était trompé, surtout lorsque la juge l'avait informé que le verdict était mis en examen sous huitaine. Donc encore sept nuits au moins du purgatoire, de quoi perdre l'appétit et le sommeil. Le détenu avait été poussé non seulement par sa conscience, mais encore par les longues journées et les nuits blanches passées en taule – détention préventive oblige – à se mettre à table devant la victime qui n'en revenait pas. Il est vrai que le jeune homme, victime d'une mémorable raclée reçue par le simple fait d'un malentendu entre voisins qui s'est achevé en queue de poisson dans la confusion la plus totale et avec une inculpation menant droit vers les farouches termes des articles de loi punissant les coups et blessures volontaires, appuyé d'une cessation de travail de douze jours, ce qui peut autoriser la juge à aller jusqu'à deux ans ferme, même si Abdelkrim Bouderbali, le représentant du ministère public, avait requis dix-huit mois de prison ferme. On peut dire que durant l'examen du dossier, Kassoul qui a longtemps nagé dans le bassin de l'instruction, connaît les bienfaits des circonstances atténuantes et surtout de la provocation, tant le cri aura été poussé par Mohammed Saïd à ce propos : «Oui, je reconnais y être allé fort mais il m'a provoqué et a même insulté ma défunte mère. Aucune maman ne mérite d'être insultée, surtout une mère qui n'est plus de ce monde», avait sangloté le détenu qui a remarqué le tic de la victime dont la position... défensive démontrait clairement qu'il avait été coupable de ce que venait de raconter Mohammed Saïd. Et dans ce cas d'espèce, la présidente sera sans aucun doute poussée à prendre en considération ce plus dans les déclarations sans équivoque de l'inculpé, un inculpé heureusement pas sous le coup d'antécédents judiciaires puisqu'à l'audience, il n'a jamais été question de casier... Tant mieux.