La France des cours magistraux sur les droits de l´homme, de la bonne gouvernance et de la dose de moralité dans les affaires de coopération avec les pays les plus pauvres du monde est rattrapée par certaines affaires louches qui ne cadrent pas très bien (entendre qui contrarient) avec l´image qu´elle a su entretenir sur elle-même à l´étranger. Dans les démocraties, les vraies, il peut arriver que certains événements, isolés, viennent se greffer de temps à autre sur le débat politique interne. Rien de surprenant si ces événements, aussi louches, et variés les uns que les autres, n´ont pas tendance à se succéder un peu trop fréquemment dans un pays comme la France qui excelle dans l´art d´afficher sa moralité de gouvernement dont l´arme la plus redoutable est la vengeance. Sarkozy semble sur le point de confirmer qu´il a, en effet, les moyens (judiciaires) de tenir sa promesse de «pendre à un crochet de boucher» Dominique de Villepin. L´«affaire Clearstrem» peut s´acheminer, certes, vers un dénouement au tribunal de Paris, mais au plan politique, elle ne fait que commencer. L´ex-Premier ministre français promet, lui, de prendre sa revanche sur son «frère ennemi» de l´UMP aux élections présidentielles de 2012. La revanche La revanche, c´est donc la méthode en cours à Paris où l´ex-président Jacques Chirac peut, à tout moment, répondre devant un juge sur les emplois fictifs qu´il avait ouverts à la mairie de Paris dont il avait été le maire, avant de passer à l´Elysée. Résigné, le juge parisien chargé alors de l´affaire a fermé le dossier que l´un de ses confrères a sorti du tiroir après la parenthèse de l´Elysée. L´ex-président Chirac peut donc très bien croiser aux portes du tribunal du 5e arrondissement quelqu´un de ses connaissances. C´est plus qu´une possibilité a affirmé, cette semaine, un expert politique français. Avec ces «affaires» dans lesquelles sont impliquées des personnalités les mieux élues de France, la presse à grand tirage semble à l´abri des effets de la crise économique. Avec Chirac, Jean Sarkozy a occupé un court moment mais intense le devant de la scène médiatique, pour le petit coup de pouce de papa le préparant à une brillante carrière politique, un terrain où les affaires les plus louches ont le plus de chances de fructifier. Dommage pour le futur candidat-héritier de l´Elysée, un sursaut de la classe politique parisienne, n´ayant pas toujours un visage net, est venu rappeler que la France n´est ni une dynastie républicaine ni une république bananière. Là encore, le dossier Jean Sarkozy est fermé provisoirement en attendant que le passions se calment dans la «république de papa». «Tuer français» Voilà la formule qui ressort dans l´affaire du jour, dans laquelle est impliquée, cette fois, une autre progéniture présidentielle, Jean-Christophe Mitterrand. Une affaire qui remonte déjà au temps de François Mitterrand qui a dû, vraisemblablement, appliquer le privilège de l´immunité présidentielle à son fils, dans cette scandaleuse affaire de trafic d´armes en Afrique australe. Du beau monde dans cette sale affaire qui en cache certainement d´autres. Charles Pasqua, qui fut parrain, ami et rival du jeune Nicolas Sarkozy, est pointé du doigt. L´ancien ministre de l´Intérieur ne s´est pas laissé intimider et affirme n´avoir touché aucun euro sous forme de commission dans ces transactions, en soi très «république bananière». Il a des arguments de poids : «Cinq procès contre moi, cinq non-lieux», dit-il au JT du 20h, avant de paraphraser ce théorème médiatique de Goobels : «Diffamez, diffamez, il en restera toujours quelque chose.» La diffamation en démocratie française, ça fait partie du jeu politique et partisan. Beaucoup d´affaires aussi scandaleuses les unes les autres sont sur le bureau du juge en France. Mais la véritable question est de savoir combien d´autres ont été classées depuis les fameux diamants offerts par Jean Bedel Bokassa à Mme Giscard d´Estaing. Mieux, pourquoi jamais aucune enquête n´a pu voir le jour sur la coopération de la France avec le régime raciste blanc d´Afrique du Sud, mis sur le ban de la communauté internationale par les Nations unies. «Cette coopération ne représente que 5% des échanges commerciaux entre les deux pays», avait fait observer Paris en son temps. C´est vrai. Sauf que cette coopération avait le triste avantage de se situer dans des secteurs stratégiques, les télécommunications et le militaire. Dans l´un de ses fameux billets, Robert Escarpit s´est amusé que l´Elysée vante l´armement français devant les Africains, les invitant à «tuer français».