Le cancer du sein affecte de plus en plus les pays pauvres, où une mortalité très élevée est enregistrée à cause d'une prévention et d'un accès aux traitements insuffisants, ont révélé des experts sanitaires américains à la veille d'une conférence sur le sujet. «Nous avions l'habitude de penser que le cancer du sein concernait seulement les femmes des pays riches mais nous savons désormais que cette maladie touche aussi celles des pays en développement», explique Felicia Knaul, spécialiste de santé publique de l'Université de Harvard. Ce phénomène s'explique par le recul des maladies infectieuses, la malnutrition et l'allongement de l'espérance de vie dans les pays en développement. Selon les chiffres de l'Ecole de santé publique de l'Université de Harvard, quelque 1,35 million de cas de cancer du sein seront diagnostiqués dans le monde en 2009, comptant pour 10,5% de tous les nouveaux cancers, au second rang après celui du poumon. Le nombre de cancers du sein devrait augmenter de 26% d'ici 2020 avec quelque 1,7 million de nouveaux cas qui seront diagnostiqués pour la majorité dans les pays à faibles revenus et à revenus intermédiaires. Mais déjà cette année, plus de 55% des 450 000 morts qui résulteront de ce cancer se produiront dans les pays manquant de ressources pour diagnostiquer suffisamment tôt la tumeur et la traiter efficacement. C'est ainsi que la probabilité de décéder d'un cancer du sein – très traitable quand il est pris à un stade précoce – est de 56% dans les nations les plus pauvres, de 39% dans celles à revenus intermédiaires et de 24% dans les pays riches. Devant cette situation, des cancérologues de la faculté de médecine de Harvard et du Dana Farber Cancer Institute de Boston ont établi un groupe de travail international et organisé une conférence devant se tenir à l'Université de Harvard du 3 au 5 novembre. Des représentants de plus de 50 pays y sont attendus. «Nous devons nous inspirer des approches adoptées avec succès pour lutter contre d'autres maladies comme la tuberculose et le sida pour combattre le cancer du sein et d'autres cancers» dans les pays les moins nantis, a estimé le Dr Julio Frenk, doyen de l'école de Santé publique de Harvard. «Il y a dix ans, les nouveaux anti-rétroviraux efficaces pour contenir le virus du sida n'étaient pas à la portée des pays pauvres car trop chers, mais l'organisation d'un mouvement à l'échelle mondiale a changé tout cela, permettant désormais de rendre ces traitements accessibles à un grand nombre de personnes infectées dans les pays en développement», a rappelé le Dr Frenk. Actuellement, seulement 5% des ressources consacrées à tous les cancers dans le monde sont dépensées dans les pays en développement, selon les experts de Harvard.