Louer un logement ou un local à usage commercial à Tizi Ouzou relève du parcours du combattant. Au-delà du manque de logements à pourvoir, les prix défient tout entendement pour le commun des citoyens. Les prix frisent l'insensé aux yeux des futurs locataires, généralement, issus de la classe moyenne. C'est d'ailleurs, cette catégorie de personnes qui recourt à la location car n'ayant pas les moyens de s'acheter leurs propres logements. Pour en savoir plus sur les prix pratiqués, nous nous sommes rendus chez quelques agents immobiliers à Tizi Ouzou-ville et à la nouvelle ville. Premier constat : on dirait que nous sommes dans deux villes différentes. Un grand écart sépare les prix qui y sont pratiqués qu'il s'agisse d'un logement à usage d'habitation ou à usage commercial. Les prix pratiqués en ville sont carrément le double de ceux que nous avons recueilli chez des agents immobiliers à la nouvelle ville. A titre illustratif, un F2 à Tizi ville est proposé au bas prix à 20 000 da, un F4 à partir de 25 000 Da, un F2 à partir de 15 000. A la nouvelle ville, les prix sont un peu plus bas. Un F4 à usage d'habitation, selon un agent immobilier ne dépasse jamais les 17 000 Da, un F3 varie entre 14 000 et 15 000 Da et un F2 peut aller jusqu'à 12 000 Da. Notre interlocuteur précisera que la demande est en constante augmentation alors que l'offre de cesse de reculer, ce qui explique en partie ces prix considérés comme exagérés par l'agent lui-même. Ce dernier ajoutera : «Nous faisons tout pour arranger un tant soit peu et le propriétaire et le locataire.» Qu'est-ce qui fait donc que la location d'un logement soit aussi inaccessible ? Les raisons sont multiples. Il y a d'abord une incroyable anarchie qui règne en la matière. Les prix sont fixés par les propriétaires à leur convenance, car la location n'est pas réglementée par un quelconque barème. Chacun fixe le prix qui lui convient pourvu qu'il trouve preneur. Plusieurs facteurs y interviennent. Citons par exemple le site, l'étage, l'état de la bâtisse ou du logement, le calme, le cadre etc. Les agences immobilières, à leur tour, une fois le bail conclu, prennent un mois de loyer comme bénéfice et ce à la charge du locataire en fonction de la durée du contrat en plus de payer une caution dans certains cas. Aussi, faut-il signaler que, ce qui dissuade plusieurs personnes à recourir à la location, c'est l'exigence des propriétaires de payer une avance et rubis sur l'ongle d'un minimum de 6 mois indiscutable. Cette exigence qui, au yeux de certains, n'existe dans aucun texte réglementaire est un véritable problème. Hamid travaille dans une entreprise publique à Tizi Ouzou. Questionné à ce propos il dira : «Je cherche un logement à louer depuis plusieurs semaines. J'en trouve mais les prix et l'avance me poussent vite à changer d'avis.» «Il m'est impossible de payer une avance de six mois. Je ne connais pas la réglementation, mais je suis sûr que cela est contraire à celle-ci. Car, en allant signer un bail chez le notaire, il vous demande à tous les deux : ‘'vous payez combien au mois ?''», ajoute-t-il dépité. Alors la plupart préfèrent patienter et louer de particulier à particulier sans passer par une agence. Cela pour éviter des dépenses supplémentaires. 70 000 à 100 000 DA pour un local commercial Si les prix des logements à usage d'habitation ou de bureaux sont déjà excessifs, ceux de la location d'un local à usage commercial le sont encore plus. Ils sont touts simplement astronomiques. En ville, il est inutile de souhaiter, voire rêver, de dénicher un local à moins de 70 000 da mois. Ils vont même jusqu'à 10 000 da et plus, selon le lieu et la superficie. Quand c'est sur les grands axes, à l'instar de la Grand-Rue ou la Rue Lamali, il est tout simplement conseillé de tourner les talons. Il est aussi impossible d'échapper au paiement d'une année de loyer cash. A la nouvelle ville, c'est pratiquement les mêmes prix que ceux des logements qui sont pratiqués pour les locaux à usage commercial. En somme, Tizi Ouzou est une wilaya où règne une parfaite anarchie en matière de politique de location. Le manque d'assiettes de terrains à bâtir, l'exode, des dizaines de logements inoccupés et tant d'autres facteurs font que ce créneau étouffe. Le gérant de l'agence immobilière cité plus haut prévoit des lendemains obscurs pour ce créneau à moins que l'intervention de l'Etat ne vienne mettre fin à cette situation.