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Les citoyens regrettent le bon vieux temps
El Khemis, une ville invivable
Publié dans Le Temps d'Algérie le 10 - 11 - 2009

C'est vraiment regrettable de voir les Khemissis revivre du passé à longueur de journée en puisant dans leurs souvenirs, des souvenirs qui les replongent dans le bon vieux temps où Khemis Miliana était le carrefour incontournable entre les régions de l'est et de l'ouest du pays.
Cette ville qui a acquis sa notoriété grâce à son commerce florissant, à son accueil chaleureux, à ses activités culturelles et sportives et à sa population aimable et solidaire, la boxe et le cyclisme faisaient la fierté du Skaf, de tout cela, seuls les souvenirs sont restés.
El Khemis n'est plus qu'une épave avec les murs de ses habitations décolorés, des rues certes bruyantes et animées mais dans une désorganisation totale, les trottoirs squattés par des clandestins étalant toutes sortes de produits.
Le Café Bleu, autrefois lieu de rendez-vous des sportifs, intellectuels et notables de la ville, n'est qu'un établissement en ruine où quelques nostalgiques s'adonnent à d'interminables parties de dominos.
La cité Widad se dégrade à vue d'œil; sous le regard impuissant de ses habitants, les autorités locales faisant la sourde oreille à toutes leurs doléances.
«En plein centre-ville, on est dans l'insécurité», indique un citoyen en signalant que les ordures et les eaux usées ont envahi toutes les aires de jeux réservées aux enfants de ce quartier. La cité du 17 Octobre n'en finit pas avec ses éternels égouts à ciel ouvert et ses ordures éparpillées à chaque coin de rue.
La gare routière par où transitent des milliers de voyageurs n'est qu'un vaste terrain boueux en hiver et poussiéreux en été. Malgré les doléances des usagers, l'équipe chargée de sa gestion demeure insensible.
«Les transporteurs s'acquittent quotidiennement des taxes de stationnement mais les responsables de la gare routière ne font aucun effort pour améliorer les conditions d'accueil des usagers et un minimum de sécurité pour les transporteurs», indique le chauffeur d'un bus en signalant que les bus sont pleins de boue lorsqu'il pleut.
Au quartier Souamaa, aucune règle d'urbanisme n'est respectée, des sentiers boueux traversent ce quartier où l'incivisme des citoyens a sa part de responsabilité. En temps de pluie, des tonnes de boue et détritus sont charriées vers le centre-ville.
Cette situation est identique pour la cité des Jardins. Les ruelles des quartiers Derdara et Souffay sont également recouvertes de boue. «Dès qu'il pleut, on est obligés de porter des bottes», ironise un citoyen. L'hygiène a disparu du marché couvert, les marchands de fruits et légumes étalent à même le sol leurs marchandises de deuxième choix.
Les bouchers, trop nombreux dans cet espace commercial, ne respectent aucune règle d'hygiène et de commercialisation.
Les abats non lavés dégagent des odeurs nauséabondes, de la viande ovine et caprine de provenance inconnue, puisque non estampillée, est accrochée à des esses à la propreté douteuse.
Les stands de volaille sont également sales. «Il n'y a qu'un seul qui mérite sa place dans ce marché», dit Tahar M., en affirmant que les élus n'ont jamais pensé à une poissonnerie pour cette dizaine de marchands de poissons qui polluent l'entrée du marché.
Les habitants de la cité Houria ne se plaignent ni de la boue ni de la poussière, mais de la pollution sonore des centaines de véhicules, dont des poids lourds parqués nuit et jour sous les fenêtres des habitations. «Nous avons alerté les autorités locales à maintes reprises, en vain», déclare un citoyen en expliquant que ces «parkings sauvages» ont été créés durant la décennie noire par des chômeurs qui ont fini par en faire un fonds de commerce.
Les fléaux sociaux se développent à grande vitesse à El Khemis où la criminalité est en hausse. La drogue, les boissons alcoolisées, la prostitution, le vol sont monnaie courante dans cette ville. «Un revendeur clandestin de boissons alcoolisées expose sa marchandise au niveau de cité Sidi Mâamar sans être inquiété.» Les dealers, bien que connus et surveillés par les services de sécurité, trouvent toujours le moyen pour distribuer leur drogue.
Des psychotropes, du kif, on a vu apparaître les drogues dures telles que la cocaïne ou la morphine.
«Le chômage, la marginalisation, l'indifférence des responsables, les privilèges accordés aux nantis et la lutte pour la survie font que les Khemissis se désintéressent totalement du sport, de la culture et de la politique, en attendant que leur ville soit élevée au rang de chef-lieu de wilaya», conclut un ancien joueur du Skaf.


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