Située à 600 km au nord-est de la capitale italienne, Rome, la ville de Trieste tente de sortir de son isolement. Elle veut aujourd'hui jouer son rôle initial de carrefour commercial international. Un rôle qui lui revient depuis le Moyen Age. Elle veut également revivre les moments de prospérité de la période 1809-1814, alors qu'elle était sous l'égide de l'empire autrichien. « Trieste avait l'occasion d'être un pôle économique et touristique important. C'était à l'ère de l'Empire autrichien. L'opportunité est ratée », nous a déclaré cette interprète rencontrée sur la Piazza unità di l'Italie (la Place de l'union de l'Italie) en ce mardi 27 septembre. Et d'ajouter : « Avec les nombreuses villes voisines, à l'image de la célèbre Venise, elle aura beaucoup de mal à émerger. » Il est 20h30, la prestigieuse Place de l'union grouillait déjà de monde, en dépit de l'orage menaçant. Cette cour, qui donne sur l'Adriatique et qui est entourée de la cathédrale, la basilique du Forum et le centre de la vie publique romaine, offre, en effet, un lieu de détente aux nombreux Triestins qui viennent ici décompresser après une longue journée de travail. L'ancienne Tergest compte aujourd'hui plus de 233 000 habitants. Reconquérir les beaux moments des siècles passés est décidément le but de tout un chacun ici. Les autorités locales semblent déterminées à faire de leur municipalité un poumon économique de l'Italie, voire de l'Europe. Ses habitants veulent sortir de l'atmosphère morne d'une ville morte et repeindre ce décor baroque. Trieste, une cité muette. Le visiteur de cette ville aura l'impression de pénétrer dans un site vierge abandonné par les dieux qui l'ont bâti. Les nombreuses ruelles bordées de très beaux immeubles semblent désertées à longueur de journée. Ni cet homme qui jouait de la guitare au bord de cette petite rivière traversant le centre-ville ni les nombreux motocyclistes n'ont pu faire sortir Trieste de sa monotonie. Pourtant, elle regorge de potentialités naturelles et historiques qui feront d'elle un paradis pour le visiteur. Mais il y a toujours un déficit en animation pour renforcer cette poésie des lieux qui charme d'emblée le touriste. Sa vocation économique est aujourd'hui le seul moteur qui peut donner un coup de starter pour une nouvelle destinée. Sa position géographique le permet. Elle la présente comme une porte de sortie maritime vers l'Europe de l'Est et fait du port Venezia-Friuli-Giulia, principal port de la région, le chemin incontournable de toutes les marchandises émanant de la Méditerranée. Un port, une plate-forme logistique et des espoirs L'adage dit : « Tous les chemins mènent à Rome. » Désormais, ces derniers mènent aussi à Trieste. Avec la modernisation de la plate-forme logistique Venezia-Friuli-Giulia, la ville retrouvera sa position géostratégique. D'abord au niveau européen, puis sur le plan régional, en l'occurrence le Bassin méditerranéen. Situé au cœur de la ville de Trieste, ce port est présenté comme le centre de liaison entre les deux compartiments de l'Europe, à savoir l'Est et l'Ouest. Mais il permettra également la connexion entre l'Europe et les pays du sud de la Méditerranée et l'Asie. « Ce port est le plus important en Europe. Avec l'élargissement de la plate-forme logistique de Friuli, je pense que la région devient plus attractive pour les opérateurs économiques de l'Europe et même pour l'Algérie, ainsi que tous les pays de la Méditerranée », nous a affirmé Franco Rota, secrétaire général de la Chambre du commerce et de l'agriculture de Trieste, en marge du séminaire pour la promotion de ladite plate-forme. Un séminaire organisé les 27 et 28 septembre dernier, et qui a vu la participation de nombreux opérateurs Italiens et étrangers. Selon notre interlocuteur, l'importance dudit port réside dans sa position. Il constitue une importante porte de sortie sur l'Adriatique et le plus important port d'acheminement des importations et exportations en provenance de la Méditerranée vers les pays de l'Europe de l'Est. « La plate-forme logistique de Venezia-Friuli-Giulia a des capacités à rendre plus confortable la tâche des importateurs et des exportateurs. Nous pouvons dire qu'à présent, il y a des infrastructures qui peuvent permettre la réalisation des objectifs tracés, a attesté Franco Rota. En effet, toutes les ressources de la ville sont liées à ce port international, qu'on dit capable de rivaliser avec celui de la ville voisine, Venise. Le port de Friuli est intégré à un système entier d'infrastructures sophistiqué. « Le vaste réseau des infrastructures du transport de la région de Venezia-Friuli-Giulia est une vraie plate-forme logistique intégrée, qui peut, plus tard, internationaliser le système des entreprises PME-PMI régionales, lequel peut également servir à un secteur stratégique au cœur de la nouvelle Europe et atteindre les marchés de l'Extrême-Orient », a indiqué Riccardo Illy, président de la région autonome Venezia-Friuli-Giulia. La modernisation de cette plate-forme logistique a coûté pour le moment, selon Antonio Paoletti, président de la Chambre du commerce et de l'agriculture de Trieste, environ 14 millions d'euros. Cependant, cela n'est que le début des travaux. « Ce qui est réalisé pour le moment n'est qu'une première étape. La modernisation va se poursuivre », a-t-il précisé. En plus du transport maritime, Trieste possède également un réseau routier et ferroviaire qui la lie avec les deux extrêmes du Vieux-Continent. Il faut ajouter à cela les capacités de transport aérien. D'où l'ambition des responsables de la ville et leur volonté d'aller un peu plus de l'avant afin de réaliser le rêve des Triestins. Trieste réussira-t-elle à enrichir ses ressources qui sont dues actuellement, avant tout, aux activités du port international, notamment les chantiers navals, la sidérurgie et la raffinerie de pétrole ? Va-t-elle reconquérir le prestige et la prospérité de l'époque de l'Empire autrichien ?