La délégation d'hommes d'affaires français représentant le Medef, attendue le 22 novembre à Alger, dans le cadre du Conseil des chefs d'entreprise France-Algérie, ne viendra pas pour dénoncer les dispositions de la loi de finances complémentaire 2009. Selon une source du Forum des chefs d'entreprise (FCE), les patrons français débarquent en Algérie pour explorer plutôt les possibilités et les opportunités d'investissement. Maintenant que les autorités publiques ont décidé de freiner les importations et de favoriser les investissements locaux productifs à la faveur des mesures instaurées, les opérateurs étrangers, de surcroît français, sont appelés à trouver les moyens et les voies idoines pour maintenir le partenariat avec leurs homologues algériens, à défaut d'être remplacés par des entrepreneurs d'autres nationalités. Dans le programme d'activité rendu public sur le site du Medef International, on annonce la visite du dimanche 22 au mardi 24 novembre d'une délégation de chefs d'entreprise français à Alger, présidée par Yves-Thibault de Silguy, président de Vinci et également président du Conseil de chefs d'entreprise France-Algérie, une structure d'affaires créée en collaboration avec le FCE. Le programme et l'ordre du jour de ce déplacement n'ont pas été élaborés, selon notre source, ajoutant qu'«ils ne peuvent être disponibles aujourd'hui (hier, ndlr)». La visite de la délégation du Medef était déjà prévue, explique-t-on, avant la loi de finances complémentaire 2009. A l'occasion, le conseil d'affaires algéro-français devait tenir une réunion pour examiner l'état des lieux de la coopération entre les entreprises des deux rives et les moyens de la développer, notamment à la lumière des mesures prises par les autorités algériennes pour faire face à la crise financière mondiale. Les opérateurs français souhaitent dépasser les polémiques et les différends actuels, notamment après les critiques émises par un membre du gouvernement français, qui a affirmé que l'Algérie «fait fausse route» par les dispositions prises dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009. Une sortie qui a déplu aux autorités algériennes. L'ambassadeur d'Algérie à Paris a riposté avec fermeté en considérant que les propos du ministre français n'ont pas lieu d'être, car le gouvernement algérien n'a pas fait autant que les pays libéraux et capitalistes pour sauver leurs économies. Face à cette situation, les patrons français veulent relancer à travers ce conseil d'affaires les discussions sur le partenariat et éviter les critiques sur la LFC. Selon notre source, la présidente du Medef, Laurence Parisot, n'a pas encore confirmé sa présence à cette visite, «mais tout est possible». L'Algérie, premier partenaire africain de la France L'Algérie demeure le premier partenaire commercial de la France en Afrique. En 2008, les échanges entre les deux pays étaient évalués à 10 milliards d'euros. En dépit de l'arrivée des opérateurs asiatiques et arabes, la France demeure le principal fournisseur, et ce, pratiquement dans tous les domaines. En matière d'investissement direct, les Français sont présents essentiellement dans l'industrie agroalimentaire (boissons, fromagerie et produits laitiers), hôtellerie (Sofitel, Royal, Accor…), l'industrie pneumatique (Michelin, projet réalisé après la reconversion de dette algérienne), ainsi que les services dont on peut citer les banques et assurances, agences de communication et services maritimes, ainsi que dans la distribution de véhicules de tourisme et industriels. Dans les domaines de l'industrie lourde, l'électronique, l'informatique, le médicament, l'agriculture et le tourisme de masse, les Français sont totalement absents, alors que l'Algérie exprime un besoin important en la matière. C'est à niveau-là que les autorités algériennes situent les véritables préoccupations. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, avait dit, sans retenue, que «l'Algérie est malheureusement toujours considérée comme un portefeuille et non pas un partenaire».