Les plus sceptiques, sans doute parce que c'est le moins qu'ils pouvaient être commencent déjà à jaser : Barack Obama a montré ses limites. Ils n'ont pas attendu le premier couac pour le penser, mais il arrive aux plus ringards de se mettre dans l'air du temps, jusqu'à ce que le… temps leur donne précisément raison. Et les voilà saisissant à la volée la première difficulté majeure du président des Etats-Unis, celle de faire partager la réforme de la santé à la classe politique et lui faire passer le parcours institutionnel en vigueur aux Etats-Unis. Sans doute qu'au sein de cette catégorie, toujours plus jalouse de ses prérogatives constitutionnelles que de la solidarité partisane et de l'esprit de corps, beaucoup ne savaient pas très bien pourquoi ils s'étaient finalement tant enthousiasmés à faire élire un président qui promettait pourtant avec beaucoup de clarté et d'assurance de déranger beaucoup de leurs confortables certitudes. Jusque dans l'opinion la plus large, chez ses «colleurs d'affiches» comme au sein de l'élite branchée qui rêvait d'un président de son temps, voilà qu'on n'est plus très sûr. Et de quoi donc ? De la disponibilité de l'Amérique à se faire diriger par un président de rupture, de la pertinence de l'option, ou de celui qui a fini par l'incarner aux yeux des américains, Barack Obama en l'occurrence ? Et puis cette autre question de fond : qu'est-ce qui commence vraiment à faire douter ? L'homme, avec son inévitable couleur et son parcours atypique ou les idées et le style qu'il compte mettre en œuvre pour changer son pays ? A moins de se laisser entraîner par d'autres certitudes, une réponse tranchée serait hasardeuse. Ce ne sont ni les folkloriques manifestations d'un Ku Klux Klan grabataire et désuet, s'égosillant vainement à convaincre que l'Amérique ne saurait s'accommoder d'un président noir, ni les quelques poches du dernier carré des Mcartistes effarouchés par «un communiste installé à la Maison-Blanche», ni encore l'hallali sonné trop rapidement par les républicains qui prouveront le contraire. Les plus optimistes s'attachent bien sûr au formidable espoir que Barack Obama a suscité en Amérique et dans le monde et convoquent déjà les premières victoires dont le Nobel de la paix, en dépit de la polémique qui n'est pas des moindres. Les plus réservés disent qu'il est encore prématuré de parler d'un premier bilan et les incorrigibles supporters ne s'en privent pas : une année sans Bush, ce n'est déjà pas si mal.