Les opérateurs chinois en visite depuis le 13 novembre à Alger veulent dépasser le cap de la coopération commerciale. Le président du Conseil chinois de la promotion du commerce international, Wan Jifei, a affirmé que les dispositions prises par l'Algérie dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009 «ne gênent pas les entreprises chinoises» et «la Chine n'oubliera jamais l'effort de l'Algérie manifesté en 1972 pour sa réintégration à l'Organisation des Nations unies». L'ambassadeur de la Chine en Algérie, Liu Yuhe, a plaidé, de son côté, pour la facilitation de circulation des investisseurs et hommes d'affaires des deux pays. Le forum d'affaires algéro-chinois, organisé hier à Alger, a été l'occasion de passer en revue l'évolution de la coopération entre les deux pays. Le président de la Chambre algérienne du commerce et d'industrie (Caci), Brahim Bendjaber, co-organisateur de cette manifestation, a évoqué, lors de son intervention, la progression des échanges commerciaux entre les deux pays. En 2006, les échanges étaient estimés à 1,721 milliard de dollars, tandis qu'en 2007, le montant passe à 3,49 milliards de dollars. En 2008, les échanges commerciaux ont atteint 4,56 milliards de dollars. La balance commerciale est déficitaire en faveur de l'Algérie, selon M. Bendjaber. En 2008, la Chine était classée comme le troisième fournisseur de l'Algérie, après la France et l'Italie, avec une part de 8,36% du marché. Malgré ces données, le niveau des IDE chinois en Algérie demeure insignifiant, il s'agit essentiellement des investissements concentrés dans l'exploitation des matières premières minières et le secteur des travaux publics et bâtiment. Dans ce contexte, le président de la délégation chinoise, composée d'une vingtaine de chefs d'entreprise, Wan Jifei, est convaincu, lors de son intervention inaugurale, que les deux communautés d'affaires peuvent aller au-delà de la coopération commerciale. Pour lui, «l'Algérie est un grand marché avec un PIB de 140 milliards de dollars et un secteur privé dynamique» et d'ajouter que «l'environnement et le climat d'affaires sont favorables à la création de sociétés algéro-chinoises». Des opportunités à saisir Les entreprises algériennes peuvent profiter, pour leur part, soutient-il, d'un marché de plus d'un milliard d'habitants. «En matière d'avantages, l'Algérie offre une main-d'œuvre qualifiée et un coût énergie bas. Le pays est membre de la grande zone arabe de libre-échange et a signé l'accord d'association avec l'Union européenne. Ce sont des facteurs déterminants pour exporter à partir de l'Algérie vers d'autres pays de la région», a estimé le président du Conseil chinois de la promotion du commerce. L'amitié algéro-chinoise est plus que favorable à la naissance d'une coopération économique et culturelle, signale-t-il, en rappelant le soutien de l'Algérie et son ministre des Affaires étrangères de l'époque, Abdelaziz Bouteflika, à la réintégration de la Chine en 1972 au sein de l'Organisation des Nations unies (ONU). Le hôte de l'Algérie est formel : «Les deux gouvernements des deux pays sont très attachés au développement économique bénéfique pour les deux parties.» La Chine souhaite développer sa part d'IDE à l'instar des pays de la région (Maroc, Tunisie et Egypte). La stabilité politique et économique, la situation géographique stratégique de l'Algérie, les réformes économiques entreprises depuis ces dix dernières années constituent des facteurs déterminants, selon les opérateurs chinois, afin de promouvoir l'investissement. «La réalisation de l'autoroute Est-Ouest et des grands projets de bâtiment ne peuvent être considérés comme un début du partenariat. Nous sommes prêts à accompagner l'économie algérienne et à transmettre notre savoir-faire», a tenu à souligner de son côté l'ambassadeur chinois en Algérie. Ce diplomate plaide, toutefois, pour les facilitations en matière de circulation entre les deux pays : «Il faudrait réduire la durée de traitement des dossiers de visas, notamment pour les chefs d'entreprise. Dans les autres pays, un ressortissant chinois peut avoir le visa en une journée et même à l'aéroport. En Algérie, le document n'est délivré qu'en un mois. Il faudrait trouver une solution pour aider au développement économique.» A notre question sur la suppression du visa entre les deux pays, l'ambassadeur chinois n'est pas contre «pourquoi pas ?». L'avis des opérateurs chinois sur la LFC Les dispositions prises par l'Algérie dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009 ne semblent pas préoccuper les hommes d'affaires de la Chine. «Nous approuvons les décisions adoptées et nous respectons la souveraineté de l'Algérie. Certes, en Chine, les investisseurs étrangers ne sont pas tenus d'associer un opérateur local à hauteur de 51% de parts, mais ce n'est pas aussi grave. L'opérateur chinois a toujours les 49% en Algérie. C'est une part importante», a affirmé à la presse le président du Conseil chinois de la promotion du commerce en marge des travaux du forum. Quant aux d'investissements envisagés en Algérie, le même responsable a annoncé des projets dans le domaine du textile (le coton), les télécommunications, l'industrie et les nouvelles technologies. Le forum algéro-chinois est appelé à adopter un programme d'action pour l'année 2010, programme qui abordera les travaux et actions à entreprendre pour la consolidation du partenariat. La délégation chinoise est composée de haut responsables, dont on peut citer le président du Fonds de développement Chine-Afrique, des dirigeants des compagnies nationales d'énergie, de métallurgie, de textiles, de construction ainsi que de hautes technologies. Des domaines dans lesquels l'Algérie exprime un besoin important.