L'assainissement financier des entreprises privées en difficulté est l'un des points primordiaux inscrits dans le débat de la 13e tripartite. La CIPA revendique fortement cet assainissement qui devrait permettre de relancer des entités économiques importantes ayant subi les dommages causés par la dévaluation du dinar, le désastre de la décennie noire et les crises économiques aiguës vécues par le pays en raison d'une orientation économique n'ayant pas été tout le temps favorable à l'émergence d'un secteur économique fiable et autonome. En estimant que ces entités peuvent encore contribuer à l'édification d'une économie de marché stable, cette organisation patronale exige un effacement des dettes accumulées durant les dernières années, tout comme ça a été le cas pour les entreprises publiques. La création de fonds d'investissement pour les PME devrait, selon Abdelouahab Ziani, président par intérim de la Cipa et son représentant à la tripartite, profiter à ses PME en difficulté. «On parle de la création d'un fonds d'investissement qui sera dédié aux 200 000 entreprises envisagées dans le cadre du prochain quinquennat. Mais il faut savoir qu'il existe actuellement des entreprises en souffrance qui nécessitent une relance de leur activité. A mon sens, la priorité doit être accordée à ces entreprises qui ont besoin de mesures d'accompagnement en vue de les booster», a-t-il expliqué lors de son intervention hier sur les ondes de la Chaîne III. Comme contribution en la matière, le patronat algérien demande d'être associé dans la création de cette entité de façon à l'orienter afin d'éviter les erreurs commises par le passé. «Le patronat demande à avoir un droit de regard et d'orientation sur la gestion de ce fonds et à décider des modalités à mettre en place», a-t-il expliqué en saluant l'engagement du gouvernement qui a accepté d'inscrire cette proposition dans le menu de la tripartite. La Cipa revendique la révision de certaines composantes de l'actuel environnement économique, qui reste souvent contraignant par rapport aux besoins de développement de l'entreprise. Le système bancaire, un véritable problème Outre les charges sociales, fiscales et parafiscales, M. Ziani évoquera le problème de la banque, qui constitue un véritable blocage pour les PME. «Le système bancaire est défaillant, contraignant et archaïque. Il n'arrive pas à répondre à sa mission d'accompagnement des entreprises et reste loin de leurs exigences», a-t-il indiqué. M. Ziani donnera comme exemple les conséquences de l'application de la LFC 2009, où les banques n'ont pas été capables de distinguer un producteur national d'un importateur puisqu'elles ont consacré le même traitement aux deux acteurs. «Nous avons été livrés à nous-mêmes» a-t-il lâché. «Il a fallu payer l'antécédent et alimenter le futur, alors que beaucoup d'entreprises n'avaient pas les moyens de faire face en raison des créances impayées et des dettes qu'elles accumulent», a-t-il ajouté. L'assainissement financier reste le dernier recours pour que ces entités puissent répondre aux nouvelles exigences de l'économie nationale. «Beaucoup d'entreprises ne sont pas bancables. Elles traînent des dettes depuis très longtemps et ont beaucoup de problèmes avec les banques», a-t-il précisé. Sur un autre chapitre, la Cipa s'inscrit dans la démarche de la révision à la hausse du SMIG de façon à permettre aux travailleurs de faire face à la cherté de la vie. Elle ne s'oppose pas à la prise en charge des allocations familiales, un dossier soumis à la tripartite, à condition de trouver les mécanismes qui permettent aux PME de les assumer sans avoir des contraintes supplémentaires. «Nous ne voyons aucun inconvénient à ce que les allocations soient payées par les entreprises mais il faut mettre un mécanisme qui permette à l'entreprise de jouer son véritable rôle et d'être autonome, surtout en assumant toutes ses charges», a-t-il expliqué. La Cipa revendique également la révision du statut de la Chambre de commerce et d'industrie qui doit intégrer les organisations patronales. «Actuellement, nous sommes représentés en tant que chefs d'entreprises et non en tant que fédération patronale. Nous demandons également à ce qu'elle soit totalement indépendante, neutre et privée. En dépit du fait que nous cotisons depuis plusieurs années, les patrons n'ont toujours pas ce droit de contrôle sur son activité, comme cela se fait dans les autres pays du monde», a expliqué M. Ziani. Le Pacte économique et social sera mis sur la table de la tripartite. Il est question, selon le représentant de la Cipa, de le revoir en insistant sur le caractère de la continuité et de la pérennisation de la relation entre les différents partenaires. «Ce pacte arrive à expiration, il faut le revoir et le réaménager de façon à instaurer un véritable dialogue», a-t-il indiqué.